Un don de témoignage et d’amour

Par Carter Hydrick (Texas, États-Unis)

Je craignais que le témoignage musical de frère Bravenec ait pris fin, mais je l’ai vu s’approcher lentement de l’orgue.

Nous avons commencé à chanter « Quand ces emblèmes nous prenons¹ ». J’aurais aimé que l’assemblée chante un peu plus rapidement mais je me suis concentré sur l’ordonnance qui allait suivre.

Un grand calme m’a envahi, apaisant mon âme. La tonalité et la cadence de l’orgue étaient parfaits pour nous préparer à prendre la Sainte-Cène.

Avec gratitude, j’ai observé l’organiste tandis qu’il se balançait doucement au rythme de la musique. J’ai repensé à notre première rencontre, huit ans auparavant. Seulement quelques mois avant que je ne fasse la connaissance d’Ed Bravenec, un incendie avait détruit sa maison et la quasi-totalité des biens de sa famille. Alors que les missionnaires et moi lui parlions de l’Évangile dans le mobile home qui lui servait de nouvelle résidence, Ed nous a dit qu’il jouait de l’orgue.

Il a dit : « Je joue pour exprimer mon témoignage et mon amour pour Dieu. » Nous avons alors évoqué la possibilité qu’il en joue dans notre paroisse s’il devenait membre de l’Église.

J’ai regardé les bouts de ses doigts. Deux d’entre eux avaient été amputés de plusieurs phalanges. Bien qu’inspiré par sa foi, je me suis demandé s’il pouvait encore jouer.

« Je sais que les membres vous seraient reconnaissants de faire part de votre talent », ai-je dit.

Frère Bravenec a semblé satisfait de ma réponse et nous avons apprécié un bon enseignement et le début d’une amitié sincère. Peu après, il s’est fait baptiser et comme il en avait exprimé le désir, il est devenu notre organiste de paroisse.

Au cours des années qui ont suivi son baptême, j’ai vu la façon dont ses problèmes de santé ont conduit à l’amputation de l’un de ses orteils. Peu après, sœur Bravenec, qui était revenue à l’Église quand son mari s’était fait baptiser, a appris qu’elle avait un cancer de stade quatre. Et puis frère Bravenec a perdu un autre orteil.

Sa présence nous a manqué pendant qu’il prenait soin de sa femme et faisait face à sa propre épreuve. Mais il est vite revenu à l’Église et a continué de rendre témoignage à travers les belles notes de l’orgue.

En 2019, frère Bravenec a appris qu’il allait perdre l’une de ses jambes. J’étais triste pour lui, pensant qu’il ne pourrait plus jouer de l’orgue. Mais quelques semaines après son opération, il est entré à l’église en boitillant avec sa jambe artificielle.

À l’aide de cannes lui permettant de garder l’équilibre, il s’est approché lentement de l’orgue. Il s’est assis sur le banc en face de l’instrument, a retiré sa prothèse, puis a commencé à jouer le prélude musical. Quelques minutes plus tard, il a joué le cantique d’ouverture. Le moment de prendre la Sainte-Cène est arrivé.

Nous avons chanté « Grâce à Jésus et en son nom », la tonalité et la cadence étaient parfaits.