Le Liahona
Laissez le Seigneur prendre les commandes !
Octobre 2024


Perfectionnement des Saints

Laissez le Seigneur prendre les commandes !

Une vie pleine de défis relevés grâce à Dieu

Nous sommes nés respectivement, Gérard en 1944 et Annie en 1945. Nous nous sommes mariés en 1965.

Après une courte expérience professionnelle à Grenoble, Gérard a été muté à Toulouse où nous nous sommes installés en février 1968. Un soir de l’été suivant, alors que nous nous rendions au cinéma, deux missionnaires qui rentraient à leur appartement nous ont abordés dans la rue.

Annie se demandait depuis longtemps si une Église contiendrait des vérités qu’elle ne trouvait pas dans celle dans laquelle elle avait grandi. Nous avons donc accepté de les recevoir le lendemain, veille de notre départ en vacances. Au retour, aucune nouvelle des missionnaires jusqu’au mois d’octobre où une nouvelle équipe découvre notre adresse dans le journal d’appartement et nous rend visite. À partir de ce moment-là, les missionnaires commencent à nous instruire et nous acceptons d’être baptisés le 30 novembre.

En 1970 Gérard est muté dans la région parisienne et nous nous installons près de Versailles. Au cours de ses différents appels dans la branche et le district de Toulouse, et à Versailles, Gérard apprend beaucoup au contact de membres plus expérimentés que lui.

Le 16 novembre 1975, il devient le premier président du pieu de Paris, dont l’organisation a été minutieusement préparée pendant de nombreuses années par Robert Chollet, l’ancien président de district. Cependant, son jeune âge, son statut de converti relativement récent et une expérience de dirigeant encore assez limitée rendent cet appel et l’engagement qu’il représente intimidant pour Gérard, une situation terriblement redoutée par Annie.

Le soutien de conseillers sages, engagés et compétents, James Stevens, remplacé à son départ à Gex par Michel Cunche, et Serge Convers, et d’autres comme John Wright et Reed Wilcox, allègera beaucoup la tâche de Gérard.

Nous nous sentions investis d’une mission spéciale. Nous y avons consacré de nombreuses heures de travail et de prière. Nous étions parfois très fatigués, mais l’Esprit nous portait. Nous garderons toujours en mémoire ces moments sacrés où nous nous sentions unis et soutenus par le Seigneur dans les décisions importantes et parfois difficiles qui s’imposaient à nous.

Il fallait aussi changer les mentalités.

De nos jours les jeunes gens, à quelques exceptions près, interrompent leurs études pour partir en mission et reviennent plus forts et plus mûrs pour faire face aux défis de la vie. La plupart du temps ils reviennent plus motivés et ont plus de succès dans leurs études.

Ce n’était pas le cas à l’époque où l’on considérait que ceci était valable pour les États-Unis, mais incompatible avec la culture française. Aujourd’hui les membres français ont adopté la culture de l’Évangile.

L’accueil et l’hospitalité des membres des branches et paroisses à l’occasion de nos visites ont permis à nos enfants d’agrandir leur cercle d’amis et de s’affermir dans l’Évangile.

Aujourd’hui, la France entière est couverte de pieux dirigés, pour la plupart, par des frères dont les familles sont dans l’Église depuis plus d’une génération et qui ont eux-mêmes été missionnaires. Le progrès se mesure par la maturité spirituelle des membres, la force des jeunes gens et jeunes filles qui, en revenant de mission, constituent les dirigeants de l’Église d’aujourd’hui et de demain. Le niveau spirituel des leçons de l’École du Dimanche et des réunions de Sainte-Cène auxquelles nous assistons dans notre paroisse en témoigne.

En relisant notre livre de souvenirs, nous mesurons combien le Seigneur nous a aidés à surmonter les défis qui se sont présentés devant nous et nos enfants. Le président Monson parlait souvent du fait que le Seigneur qualifie les personnes qu’il appelle.

Lorsque nous sommes appelés à faire l’œuvre du Seigneur et faisons de notre mieux, il augmente nos capacités pour nous aider à l’accomplir, disait-il.

Fin 1978, un nouveau tournant professionnel a abrégé cette riche expérience à Paris. Nous passons dix-huit mois à Grenoble où Gérard est affecté au Centre de Distribution de l’Église, récemment installé à Saint-Égrève, près de Grenoble, et il sert comme président de district. Puis, en 1980, nous retournons à Paris, à l’est cette fois-ci, où l’Église crée le bureau régional de Torcy et où le Centre de Distribution est transféré. Ce dernier fournira désormais le matériel de l’Église aux pays francophones.

Là aussi, un nouveau défi attend Gérard qui est appelé Représentant régional des Douze.

En 1988, nous sommes appelés à diriger la nouvelle mission des îles Mascareignes qui couvrait les îles de Maurice et de La Réunion et dont l’objectif était de commencer l’œuvre missionnaire à Madagascar.

Nous y avons passé trois années inoubliables, soutenus et aidés d’innombrables façons par nos chers frères et sœurs de l’Océan Indien. À Madagascar, frère Razanapanala Ramiandrisoa, baptisé quelques années plus tôt à Bordeaux où il était étudiant, était resté totalement fidèle à ses alliances, n’avait pas dévié de la doctrine révélée et avait présenté l’Évangile à plusieurs de ses amis. C’est lui qui a amené les premiers convertis, nous a ouvert les portes des autorités locales et nationales permettant l’obtention de visas pour le premier couple missionnaire et l’organisation de la première branche, puis quelque temps plus tard, lorsque que le nombre de membres a atteint les cent adultes requis, la reconnaissance de l’Église en tant que culte, que notre successeur concrétisa.

Cette expérience à Madagascar nous a permis de ressentir la main protectrice du Seigneur sur ses missionnaires. Cela nous a aussi rendus humbles devant la foi et la grande ferveur de ce peuple simple, souvent démuni des choses matérielles.

Quand nous y sommes retournés vingt ans plus tard, nous avons été témoins de la manière dont le Seigneur avait béni en tous points ses saints fidèles, et aujourd’hui un temple est en construction à Antananarivo.

Au retour de mission, nous nous installons dans le pieu de Genève où Gérard contribue à l’installation du nouveau bureau interrégional de Thoiry et sert comme patriarche du pieu de Genève jusqu’en 2003.

Début 2004, Gérard est muté au Ghana où il sert dans le temple d’Accra comme scelleur pour les membres francophones de l’Afrique occidentale.

En 2016, nous recevons l’appel de président et intendante du temple de Paris. Bien qu’ayant déjà servi dans la présidence du temple de Berne, nous nous trouvons face à un défi différent : participer à la mise en service d’un nouveau temple. Pas de servants, pas de plan de service éprouvé, des contraintes particulières du fait de la configuration intérieure et de la localisation du bâtiment.

Grâce au soutien de deux conseillers dévoués et compétents, Pierre Lazeras et Lionel Bertrand, suivi en novembre 2018 de Hervé Bousseau, chacun apportant sa contribution personnelle unique, des servants ont été appelés sur toute l’étendue du district du temple, un plan de service a été mis sur pied et peu à peu, avec leur aide, le travail au temple a pris sa vitesse de croisière.

Nous ne dirons jamais assez notre reconnaissance à nos chers couples missionnaires, humbles et complètement engagés, et à nos chers servants, « taillables et permutables à merci ».

Le grand défi des premiers temps a été pour chacun d’eux de s’adapter à des procédures différentes de celles qu’ils avaient connues à Francfort, à Berne, à Madrid, à Londres, aux États-Unis et au Canada.

Avec humilité et confiance, chacun a accepté les changements.

Cette pluralité d’expériences nous a permis de faire le tri entre les ordonnances révélées par le Seigneur et à administrer dans toute leur pureté, et les procédures dictées par la configuration et les particularités de chaque temple ou parfois héritées de situations particulières et érigées par la suite en dogme.

Notre service dans le temple a été l’occasion de mesurer encore mieux l’amour de notre Père pour chacun de ses enfants et sa toute-puissance à rendre possible pour chaque visiteur ce qu’il est venu chercher au temple.

Par exemple, une sœur de Mongolie ne parlant que sa langue, est arrivée un après-midi sans rendez-vous pour recevoir sa dotation. Elle avait une recommandation en caractères cyrilliques qui nous a laissés perplexes. Contre toute attente, deux missionnaires faisaient visiter la salle d’accueil du temple à un jeune homme d’origine chinoise que nous ne reverrons jamais, capable de comprendre et de se faire comprendre en mongol, parce que sa maman le parlait. Grâce à cette courte visite inattendue, notre sœur a pu recevoir ses ordonnances.

Il y a tant d’autres expériences au cours desquelles le Seigneur est intervenu quand nous étions désarmés, ou pour fortifier, consoler ou instruire ceux qui en avaient besoin.

Ces années ont été les plus riches de notre vie. Grâce aux expériences sacrées que nous y avons faites, nous rendons témoignage que le temple est la maison du Seigneur dans laquelle il se manifeste à son peuple. Nous invitons tous les membres à se qualifier pour aller au temple et à s’y rendre souvent.

Notre vie a été une succession d’occasions de servir, mais surtout d’être bénis. Bénis par la main indulgente et bienveillante du Seigneur et bénis par le soutien, la bonté, la patience et l’exemple de ceux qui nous ont accompagnés dans ces aventures exaltantes. Nous avons rempli des appels en vue, mais nous avons été encouragés, soutenus, inspirés par tant de nos frères et de nos sœurs dont les noms ne seront peut-être jamais mentionnés, « ceux du dernier chariot » comme les a nommés J. Ruben Clark à la conférence générale d’octobre 1947.

Il nous a parfois été difficile d’accepter certains appels qui nous éloignaient de nos enfants à des périodes cruciales de leur vie, mais nous avons appris, comme Gérald Caussé l’a enseigné aux Jeunes Adultes lors d’une veillée du DEE en novembre 2012, que :

« La meilleure chose que nous puissions désirer dans notre vie

est que le Seigneur prenne les commandes.

Il sait tout depuis le début, a une perspective que nous n’avons pas

et nous aime d’un amour infini.

Vous avez des rêves et des objectifs ? C’est bien !

Travaillez de tout votre cœur à les réaliser.

Puis, laissez le Seigneur faire le reste.

Il vous conduira là où vous ne pouvez pas vous conduire vous-mêmes ;

il fera de vous ce que vous ne pouvez pas faire vous-mêmes.

En tout temps, acceptez sa volonté.

Soyez prêts à aller là où il vous demande d’aller

et à faire ce qu’il vous demande de faire. »

Notes

  1. Cité par David A. Bednar à la conférence générale d’octobre 2023.

  2. « Nous sommes les artisans de notre bonheur », novembre 2012, veillée du DEE.