Apporter l’Évangile rétabli au Canada
En 1829, avant la publication des premiers exemplaires du Livre de Mormon, Solomon Chamberlin, prédicateur itinérant, rendit visite à la famille Smith près de Palmyra dans l’État de New York. Le Rétablissement était encore en train de se dérouler sous ses yeux, mais Solomon était impatient de proclamer l’Évangile rétabli. Il raconta : « J’allai avec Hyrum et quelques autres à l’imprimerie de Palmyra, où ils commencèrent à imprimer le Livre de Mormon, et dès qu’ils eurent imprimé soixante-quatre pages, je les pris avec leur permission, et je poursuivis mon voyage en direction du Canada, et je prêchai tout ce que je savais concernant le mormonisme à la fois aux gens de la haute société et au peuple, aux riches et aux pauvres. » Au cours des dix années qui suivirent, de nombreux saints des derniers jours (dont Joseph Smith, sa mère Lucy, Oliver Cowdery et six des premiers apôtres) se rendirent au Canada pour prêcher l’Évangile et s’occuper des affaires de l’Église.
En 1836, alors qu’il prêchait près de Toronto, Parley P. Pratt découvrit un petit groupe de chrétiens qui recherchait une église ayant la « simplicité originelle » décrite dans les Écritures. De nombreux membres de ce groupe, notamment John et Leonora Taylor, Joseph, Mary et Mercy Fielding, furent bientôt baptisés, et frère Pratt organisa plusieurs petites branches dans la région.
Début 1847, la plupart des deux mille Canadiens qui s’étaient joints à l’Église partirent pour l’ouest des États-Unis rejoindre la majorité des saints. En 1887, Charles Ora Card, président de pieu à Cache Valley en Utah, conduisit un petit groupe de saints à Lee Creek (appelé plus tard Cardston) en Alberta, où ils s’installèrent. Bon nombre de ces premiers colons du sud de l’Alberta, y compris frère Card et sa femme Zina Young Card, appartenaient à des familles polygames. L’Alberta offrait à la fois des possibilités économiques et un refuge contre les lois anti-polygames des États-Unis, même si les polygames n’étaient censés émigrer au Canada qu’avec une seule de leurs femmes.
Après un voyage de près de mille cent kilomètres, alors que frère Card et son groupe approchaient de leur destination, ils s’aperçurent que le fleuve St Mary était en train de déborder et qu’ils ne pouvaient pas le traverser à gué. Deux membres de la police montée locale dirent à frère Card que les neiges d’altitude avaient commencé à fondre et que, durant les semaines qui suivraient, les eaux du fleuve continueraient de monter. Selon eux, il faudrait des semaines avant que le convoi ne puisse poursuivre son chemin. Sachant qu’ils ne disposaient pas des provisions nécessaires pour attendre, frère Card demanda aux voyageurs de se rassembler. Mary Ibey, l’une des membres du groupe, raconta : « Nous nous sommes agenouillés en une supplication solennelle. Le président Card a demandé à notre Père céleste d’assujettir les éléments et de nous permettre d’atteindre notre destination. » Après la prière, les hommes du camp se mirent au travail et construisirent un radeau au cours de la nuit. Le lendemain matin, le courant du fleuve avait ralenti. Mary Ibey rapporta : « Nous avons traversé en toute sécurité sans utiliser notre radeau. Dès que nous avons été en sécurité de l’autre côté, le niveau du fleuve a commencé à monter, et il a fallu attendre des semaines avant que qui que ce soit ne puisse traverser. »
Au cours des trente années qui suivirent, un grand nombre de saints des derniers jours partirent s’installer au sud de l’Alberta. En 1895, le premier pieu organisé en dehors des États-Unis fut celui de Cardston (Alberta), et en 1923, le premier temple en dehors des États-Unis fut construit à Cardston. À cette date, plus de neuf mille cinq cents saints des derniers jours vivaient dans une vingtaine de communautés en Alberta.