« Une ère nouvelle », Les saints : Histoire de l’Église de Jésus-Christ dans les derniers jours, tome 3, Hardiment, noblement et en toute indépendance, 1893-1955, 2020
Chapitre 39: « Une ère nouvelle »
Chapitre 39
Une ère nouvelle
Le mardi 6 septembre 1955, Helga Meyer monta dans un train pour Berlin-Ouest. Les membres de la branche de Neubrandenburg avaient récemment appris que le chœur de l’Église, le « Tabernacle Choir » venait donner un concert dans la ville. Le chœur était en tournée en Europe depuis la mi-août, se produisant de Glasgow à Copenhague avant la consécration du temple de Suisse. C’était l’entreprise la plus audacieuse de la chorale depuis sa représentation à l’exposition universelle de Chicago, six décennies plus tôt. Pour beaucoup de spectateurs, ce fut un moment inoubliable1.
Pendant longtemps, il aurait semblé irréalisable de faire traverser l’océan à trois cent cinquante choristes mais David O. McKay estimait qu’il était temps pour le chœur de s’aventurer en-dehors de l’Amérique du Nord. Quand la tournée avait été annoncée, il avait déclaré : « Il n’existe pas de force plus puissante pour l’œuvre missionnaire que le Tabernacle Choir2. »
L’organisation de la tournée était le fruit de beaucoup de travail, de préparation et de prières. De plus, la présence du chœur à Berlin-Ouest était particulièrement remarquable. Des négociations dans les hautes sphères gouvernementales avaient eu lieu entre les États-Unis et l’Union soviétique afin de permettre à tant d’Américains de traverser la République démocratique allemande et de se rendre dans le secteur ouest de la ville3.
Quand Helga et les autres saints est-allemands avaient appris que le chœur viendrait, ils avaient demandé la permission de se rendre à Berlin-Ouest et l’avaient obtenue. Même si la chorale se produisait le soir pour un concert payant, elle proposait aux résidents de la RDA et aux réfugiés est-allemands qui vivaient en Allemagne de l’Ouest d’assister gratuitement dans la journée à la répétition générale. La famille Meyer n’avait pas beaucoup de moyens financiers mais grâce au métier de pêcheur de Kurt et à l’emploi d’Helga en tant qu’institutrice à la maternelle, ils avaient juste assez d’argent pour que la jeune femme puisse se rendre seule à Berlin-Ouest et acheter un billet pour le concert du soir4.
Lorsque le train d’Helga arriva à Berlin-Ouest, elle sortit de la gare et se dirigea vers le grand gymnase de Schöneberg pour le concert gratuit de l’après-midi. L’auditorium était bondé mais elle parvint à trouver un siège près de la scène.
Helga, Kurt et leurs enfants avaient passé de nombreuses soirées réunis autour de la radio, à écouter les émissions du Tabernacle Choir. Comme le programme provenait des États-Unis, la famille veillait à ce que le volume soit bas afin que personne ne les entende et ne les dénonce. Aujourd’hui, elle pouvait écouter sans crainte et laisser les paroles et la musique l’envelopper5.
Le chœur commença par interpréter des œuvres de célèbres compositeurs allemands tels que Bach, Handel et Beethoven. Puis, les cantiques favoris des saints des derniers jours, comme « O mon Père » et « Venez, venez, sans craindre le devoir », retentirent. Helga ne comprenait pas les paroles des cantiques mais lorsque les voix des chanteurs remplirent l’espace d’un son joyeux, son cœur s’emballa.
Elle prit conscience que c’était son peuple, qui venait de loin6.
Quelques heures plus tard, elle revint dans la salle pour le concert du soir. Cette fois, les saints d’Allemagne de l’Ouest, les militaires américains et les représentants du gouvernement occupaient la plupart des sièges de la salle comble. Le concert était enregistré afin que Radio Free Europe, une station parrainée par les États-Unis en Allemagne de l’Ouest, puisse le diffuser aux habitants de la RDA, de la Tchécoslovaquie, de la Pologne et d’autres pays communistes d’Europe centrale et orientale7.
Une fois de plus, Helga se sentait transportée par la musique. L’Esprit du Seigneur l’enveloppa. Comme les personnes assises près d’elle, elle ne pouvait retenir ses larmes. Il semblait que le paradis touchait terre.
Après le concert, le chœur quitta la salle afin de monter dans les bus. Helga et un groupe de saints allemands les suivirent dehors et chantèrent : « Dieu soit avec toi jusqu’au revoir ». Ils agitèrent leur mouchoir en l’air jusqu’à ce que le dernier bus s’éloigne8.
Quelques jours plus tard, le dimanche 11 septembre 1955, le président McKay s’arrêta sur un parking bondé dans la banlieue de Berne, en Suisse. Depuis plusieurs années, il suivait de loin l’avancement des deux temples européens. Récemment, il avait posé la première pierre du temple de Londres. Aujourd’hui, il venait consacrer le temple de Suisse, terminé depuis peu9.
Le président McKay sentait que c’était un moment de triomphe. Depuis des générations, l’Europe avait été une source de force pour l’Église. Les deux parents du prophète étaient nés sur le sol européen. Sa famille était devenue membre de l’Église en Écosse. La famille de sa mère faisait partie des premiers convertis du Pays de Galles. Désormais, les saints européens n’auraient plus besoin de traverser l’océan pour bénéficier des bénédictions du temple, comme l’avaient fait ses parents et grands-parents10.
Depuis des jours, la pluie tombait sur Berne. Pourtant, ce matin-là, un ciel bleu et un soleil radieux accueillirent le président McKay. L’extérieur simple et moderne du temple se détachait sur un fond de conifères. Le bâtiment était de couleur crème, avec des rangées de pilastres blancs. De hautes fenêtres ornaient ses côtés. Une seule flèche dorée, soutenue par une base blanche étincelante, s’élevait au-dessus des portes d’entrée en laiton. Au loin, bien visibles depuis les jardins du temple, s’élevaient les montagnes du Jura et les majestueuses Alpes suisses11.
En entrant dans le temple, David O. McKay passa sous une inscription en lettres majuscules au-dessus de la porte. On y lisait : Das Haus des Herrn. La Maison du Seigneur. Pour la première fois, les mots inscrits sur un temple de l’Église n’étaient pas en anglais12.
Quelques minutes plus tard, quand dix heures sonna, le prophète se tenait à la chaire de la salle de réunion du troisième étage. Environ six cents personnes, dont plus de la moitié étant des membres du Tabernacle Choir, lui faisaient face. Neuf cents autres personnes étaient assises dans d’autres salles du temple et écoutaient la réunion grâce à des haut-parleurs13.
Après un chant interprété par le chœur et une prière, le président McKay souhaita la bienvenue à tous les participants. Il fit remarquer que les anciens présidents de l’Église étaient présents en esprit. Il ajouta que, parmi eux, se trouvait Joseph F. Smith, qui avait prophétisé à Berne, un demi-siècle auparavant, que des temples seraient un jour construits dans les pays du monde entier14.
Samuel Bringhurst, appelé depuis peu président du temple de Suisse, prit ensuite la parole. Il raconta les difficultés rencontrées pour obtenir un terrain et témoigna que le Seigneur les avait guidés pour trouver cet endroit15.
L’apôtre Ezra Taft Benson fut l’orateur suivant. Il parla à l’assemblée de sa grand-mère paternelle, Louisa Ballif, dont les parents étaient devenus membres de l’Église en Suisse dans les années 1850 et avaient ensuite émigré en Utah. Lorsqu’il était jeune homme et qu’il grandissait dans l’Idaho, Ezra écoutait sa grand-mère raconter la conversion de sa famille et son affection pour son pays d’origine.
L’apôtre déclara : « Je vous assure que j’aimais la Suisse bien avant d’y poser le pied. »
Frère Benson parla ensuite de sa mission auprès des saints européens après la Seconde Guerre mondiale. Il mentionna son passage à Vienne et Zełwągi. Avec émotion, il évoqua la gentillesse des fonctionnaires du gouvernement suisse qui avaient aidé l’Église à distribuer l’aide de l’Église16.
Quand Ezra Taft Benson reprit sa place, le président McKay se leva à nouveau afin de consacrer la maison du Seigneur. Il pria : « O Dieu, notre Père éternel. En cette occasion sacrée, l’achèvement et la consécration du premier temple érigé par l’Église en Europe, nous déversons notre cœur et élevons notre voix vers toi pour te louer et de remercier. » Il remercia le Seigneur pour l’Évangile rétabli, pour la révélation moderne et pour le peuple suisse qui, pendant des siècles, avait respecté le droit de chacun d’adorer selon les inspirations de sa conscience.
Au cours de sa prière, le prophète sembla accablé par l’incrédulité des gens dans les pays où l’Évangile de Jésus-Christ ne pouvait pas encore être prêché. Il supplia : « Bénis les dirigeants des nations afin que leur cœur soit débarrassé des préjugés, de la suspicion et de l’avarice, et rempli d’un désir de paix et de droiture. »
Le président McKay clôtura la session de consécration du matin en menant l’assemblée dans le cri du Hosanna17. Pendant la réunion, il demanda à Ewan Harbrecht, jeune soprano du Tabernacle Choir dont la grand-mère allemande avait été l’une des premières converties de la branche de Cincinnati, de se lever et de chanter.
Partout où il s’était produit en Europe, le chœur avait été accueilli par des applaudissements tonitruants. Toutefois, dans la Haus des Herrn, un silence paisible, digne de l’occasion, s’installa dans la salle. Elle chanta : « Bénissez cette maison. »
Bénissez les personnes qui s’y rendront.
Gardez-les pures et libres de tout péché.
Bénissez-nous tous afin que nous
soyons en mesure de demeurer auprès de vous, ô Seigneur18.
Le jeudi suivant, Jeanne Charrier entra dans le temple de Suisse pour assister à la dernière des neuf sessions de consécration. Elle était honorée de se trouver dans la maison du Seigneur, entourée des saints européens qui allaient bientôt contracter des alliances éternelles. Auprès d’elle se trouvaient des membres de la mission française, notamment Léon et Claire Fargier19.
Le président McKay prit la parole, comme il l’avait fait dans chacune des sessions précédentes. Jeanne ressentit un lien particulier avec le prophète qu’elle avait eut l’occasion de rencontrer pendant sa tournée européenne en 1952, lors d’une conférence à Paris. À l’époque, elle n’était membre de l’Église que depuis un an et elle souffrait du rejet récent de ses parents. Le président McKay s’était arrêté pour lui poser des questions sur son baptême et l’avait interrogée sur sa vie. Il l’avait serrée chaleureusement dans ses bras, comme un grand-père, au lieu de simplement lui serrer la main, ce qui avait contribué à dissiper son trouble intérieur20.
Tandis que le prophète accueillait les saints de la mission française au temple, Robert Simond, un membre suisse de l’Église de longue date qui avait servi dans la présidence de la mission, interprétait ses paroles. Le président McKay déclara devant l’assemblée : « Cette consécration marque une époque de l’histoire de l’Église. À plusieurs égards, c’est le début d’une ère nouvelle21. »
Il s’adressa ensuite aux membres qui allaient bientôt recevoir leurs ordonnances préparatoires et leur dotation. Il voulait qu’ils soient prêts à comprendre les grands principes de vie contenus dans l’expérience du temple.
Il expliqua : « Visualiser la gloire de l’œuvre du temple, c’est un peu comme obtenir un témoignage de la divinité de l’œuvre du Christ. Certains perçoivent immédiatement la gloire de la réalité de l’Évangile rétabli. Pour d’autres, cela vient plus lentement, mais sûrement22. »
Les premières sessions de dotation au sein du temple de Suisse étaient prévues la semaine suivante. Toutefois, quand le président McKay sut que nombre de saints devaient rentrer dans leur pays avant cette date, il demanda à Gordon B. Hinckley si son équipe pouvait travailler toute la nuit pour préparer le temple en vue de la dotation dès vendredi matin23.
Vendredi après-midi, Jeanne retourna au temple accompagnée d’autres saints francophones. Les deux premières sessions de dotation de la journée s’étaient déroulées en allemand et comme cette ordonnance était une nouvelle expérience pour la plupart des participants, cela prenait plus de temps que prévu. Quand la session en français commença, le soleil était couché. Des sessions dans d’autres langues étaient prévues ensuite24.
Après avoir écouté l’apôtre Spencer W. Kimball parler lors d’une réunion spéciale dans la chapelle du temple, Jeanne et d’autres saints français participèrent aux ordonnances préparatoires et à la dotation. Rassemblés dans une salle, ils regardèrent le nouveau film du temple en français et en reçurent des enseignements sur la création de la terre, la chute d’Adam et Ève et l’expiation de Jésus-Christ. Ils contractèrent des alliances avec Dieu et reçurent la promesse de grandes bénédictions dans cette vie et dans la suivante25.
Quand la session où se trouvait Jeanne prit fin, la nuit était déjà avancée. Des saints de Suède, de Finlande, des Pays-Bas, du Danemark et de Norvège reçurent leur dotation pendant les sessions suivantes, qui s’enchaînèrent sans arrêt jusque tard dans la nuit du samedi26.
Comme elle avait reçu les ordonnances du temple, Jeanne comprenait que c’était un endroit de foi et d’espérance, qui la préparerait à entrer un jour en présence de Dieu. Bien que sa famille terrestre ne soit pas encore prête à entendre le message de l’Évangile, elle était impatiente d’œuvrer pour ses ancêtres décédés qui attendaient de recevoir les bénédictions du temple.
Elle pensa : « Personne ne sera oublié27. »
Pour Gordon B. Hinckley, la semaine avait été intense. Une fois les formalités de la douane terminées, il avait supervisé l’installation au temple des équipements de projection et de sonorisation, synchronisé le son et le film dans chaque langue pour s’assurer que tout fonctionnait correctement. Il avait aussi formé le nouvel ingénieur du temple, Hans Lutscher, qui allait assumer cette responsabilité à plein temps après avoir été lui-même doté28.
Gordon et son équipe avaient bénéficié d’un bref répit pendant les cinq jours de consécration mais dès que le président McKay avait annoncé qu’il souhaitait que les ordonnances du temple commencent immédiatement, ils s’étaient remis au travail.
Ainsi, pendant près de deux jours, depuis le vendredi matin tôt, Gordon avait fait fonctionner le projecteur et le système de sonorisation. Il n’était pas question de se reposer. De surcroît, la grippe qu’il avait attrapée ne faisait qu’empirer à cause du climat automnal humide de Berne. Ses yeux et son nez ne cessaient de couler, sa tête était lourde et son corps douloureux29.
Pourtant, pendant que les sessions se succédaient heure après heure, il était étonné par le bon déroulement de la session de dotation en film. Les servants des ordonnances du temple rencontraient peu de problèmes avec la nouvelle méthode, malgré le défi que représentait l’accueil de personnes originaires de tant de pays différents. En observant le déroulement de la session, Gordon prit conscience qu’il aurait été extrêmement difficile de présenter l’ordonnance comme on le faisait habituellement en sept langues30.
Le samedi soir, à la fin de la dernière session, Gordon était épuisé. Malgré ses yeux rouges et sa gorge endolorie, il se sentait rempli d’un élan de quelque chose de bien plus grand. Depuis son arrivée à Berne, il avait vu des centaines de saints européens entrer dans le temple. Beaucoup d’entre eux avaient fait de grands sacrifices pour assister à la consécration. Il avait remarqué que certains étaient très pauvres. D’autres avaient perdu des membres de leur famille et des êtres chers pendant les deux guerres mondiales. Les larmes aux yeux, ils avaient reçu leur dotation et été témoin du scellement de leur famille pour l’éternité.
Plus que jamais, Gordon savait avec certitude que le Seigneur avait inspiré le président McKay pour que les bénédictions du temple soient apportées aux européens. Leur joie valait toutes les longues nuits et les journées éprouvantes que Gordon avait vécues ces deux dernières années31.
Comme la plupart des saints vivant en RDA, Henry Burkhardt n’avait pas pu se rendre à Berne pour la consécration du temple ni pour les premières sessions de dotation. Il était plutôt occupé à aménager dans un grenier de la maison de ses parents une chambre où lui et Inge vivraient après leur mariage. Il avait fait une demande pour avoir son propre appartement, mais il ne savait pas si le gouvernement lui en accorderait un, ni quand. Il pensa qu’en attendant, ils pourraient se contenter de ce petit espace non chauffé. Il espérait qu’Inge trouverait l’endroit plus accueillant quand il aurait posé le nouveau papier peint.
Henry et Inge ne s’étaient vus que quelques fois au cours des neuf mois qui avaient suivi leurs fiançailles, généralement lorsque le jeune homme se rendait dans la région de Bernburg pour une conférence de district. Ils prévoyaient de se marier civilement le 29 octobre et étaient déterminés à être scellés au temple aussi vite que possible32.
Même si le gouvernement est-allemand autorisait les citoyens à se rendre en Allemagne de l’Ouest, Henry et Inge ne pouvaient dire à personne qu’ils quittaient le pays ensemble car les autorités risquaient de penser qu’ils partaient définitivement. Ils obtinrent chacun leur visa pour l’Allemagne de l’Ouest dans des villes différentes et s’arrangèrent avec le bureau de la mission à Berlin-Ouest pour faire une demande de visas pour la Suisse. Si tout se déroulait bien, les documents arriveraient au bureau de la mission ouest-allemande à Francfort. Dans le cas contraire, le couple devrait retourner en RDA sans pouvoir être scellé33.
Le lendemain de leur mariage à Bernburg, Henry et Inge se rendirent sans difficulté en Allemagne de l’Ouest. Là, ils récupérèrent leurs visas pour la Suisse. Ils achetèrent des billets aller-retour pour Berne et passèrent du temps avec des amis en Allemagne de l’Ouest. Partout où ils allaient, les gens étaient polis et amicaux. Ils se réjouissaient de la sensation merveilleuse de pouvoir se déplacer sans restriction34.
Henry et Inge arrivèrent à Berne le soir du 4 novembre. Ils dépensèrent ce qui leur restait de la somme qu’ils avaient économisée pour le voyage afin de louer une petite chambre près de la gare. Le lendemain matin, le couple monta les marches menant aux portes de la maison du Seigneur et y entra. Il prit place dans la salle de dotation du temple et accomplit l’ordonnance tandis que le film en allemand défilait sur un écran devant eux.
Après la session, ils entrèrent dans une salle de scellement et s’agenouillèrent face à face devant l’autel. Ils découvrirent les promesses glorieuses faites aux personnes qui contractent l’alliance du scellement. Ensuite, ils furent unis ensemble à tout jamais35.
Henry pensa : « Comme c’est beau de s’appartenir maintenant l’un à l’autre pour l’éternité. Une grande responsabilité nous a été donnée, accompagnée de nombreuses bénédictions36. »
Le lendemain soir, Henry et Inge se rendirent à la gare pour faire le voyage de retour dans leur chambre mansardée en RDA. Ils savaient qu’ils n’étaient pas obligés de rentrer s’ils ne le voulaient pas. Ils avaient des amis qui pouvaient les aider à s’installer en Allemagne de l’Ouest. Ils pouvaient même essayer d’émigrer aux États-Unis, comme nombre d’autres saints européens.
Pourtant, ils ne souhaitaient pas quitter leur terre natale. La vie en RDA n’était pas toujours facile mais leur famille était là et Dieu avait une œuvre à leur faire accomplir37.
Le train arriva et le couple monta à bord. En quittant la Suisse, ni Henry, ni Inge ne savait s’ils pourraient un jour retourner au temple, ni quand ils pourraient le faire. Toutefois, ils croyaient fermement que Dieu les guiderait. Unis pour le temps et pour l’éternité, ils étaient plus engagés que jamais à le servir. Ils savaient qu’il ne les abandonnerait pas38.