Histoire de l’Église
Chapitre 9 : Ce jour merveilleux


Chapitre 9

Ce jour merveilleux

Spencer W. Kimball dirigeant une conférence de pieu à São Paulo

Vers la fin de l’année 1965, Hélio da Rocha Camargo décrocha le téléphone dans son bureau, à São Paulo, au Brésil. Il entendit la voix de Wayne Beck, le président de la mission brésilienne. Ce dernier lui demanda s’il pouvait écourter sa journée de travail et venir au bureau de la mission. Victor L. Brown, conseiller dans l’épiscopat président de l’Église, était de passage à São Paulo et voulait lui parler avant de rentrer en Utah.

Hélio, qui travaillait désormais pour une entreprise automobile, se rendit immédiatement au bureau de la mission. Le président Beck et lui-même avaient récemment discuté avec frère Brown de divers sujets relatifs à la mission. Ils avaient notamment parlé des publications de l’Église au Brésil. Hélio supposait que le conseiller souhaitait poursuivre la conversation.

Quand Hélio arriva au bureau de la mission, frère Brown lui annonça qu’un changement majeur était en train de se produire pour l’Église au Brésil. Le pays comptait désormais plus de vingt-trois mille membres, soit dix fois plus que lors du baptême d’Hélio, huit ans plus tôt. Pour faire face à cette croissance, la Première Présidence souhaitait établir un bureau d’édition centralisé afin de gérer les publications de l’Église au Brésil.

La Première Présidence avait récemment ouvert un bureau similaire à Mexico pour superviser les publications dans les pays hispanophones. Étant donné que l’Église produisait plusieurs nouveaux manuels en corrélation, il était logique de confier ce travail à des bureaux centralisés plutôt que de laisser les missions s’acquitter seules de cette tâche écrasante. Le nouveau centre au Brésil devrait traduire toutes les publications de l’Église en portugais, les imprimer puis les distribuer aux saints.

Frère Brown expliqua à Hélio : « Je vous propose d’être responsable de ce travail. Vous serez un employé à plein temps de l’Église. »

Hélio déclara : « Je ne peux qu’accepter. »

Peu de temps après avoir accepté le poste, Hélio et Nair vendirent leur voiture afin de pouvoir visiter les États-Unis et se rendre au temple de Salt Lake City. Pendant le mois qu’ils passèrent un mois en Utah, ils rencontrèrent souvent des membres de l’Église, s’émerveillant de la taille et de la force de leurs paroisses et de leurs pieux. Il semblait à Hélio que les classes de la Société de Secours, de la Primaire, de l’École du Dimanche et des collèges de la prêtrise étaient pleines de saints fermes dans la foi. Il savait que l’Église au Brésil était encore jeune et qu’il faudrait du temps pour qu’elle fonctionne aussi bien qu’en Utah. Il pensait néanmoins que les saints dans son pays étaient bientôt prêts pour la mise en place d’un pieu :

« Avec nos dirigeants actuels, nous égalerons bientôt nos frères des États-Unis. Notre peuple est bon, lui aussi, et, lorsqu’il veut faire quelque chose, il le fait. »

Avant de quitter l’Utah, Hélio et Nair furent dotés et scellés dans le temple de Salt Lake City. Ils reçurent également leur bénédiction patriarcale des mains d’Eldred G. Smith, le patriarche de l’Église. Des amis des États-Unis, notamment les anciens présidents de mission, Asael Sorensen et Grant Bangerter, assistèrent au scellement. Spencer W. Kimball, qui avait une place particulière dans le cœur du couple suite à la bénédiction de leur fils malade, accomplit l’ordonnance.

Hélio et Nair rentrèrent au Brésil à la mi-décembre 1965. Hélio commença immédiatement à mettre en place le bureau centralisé d’édition tout en continuant à remplir ses devoirs au sein de la présidence de mission. Tandis qu’il assistait à des conférences partout dans la mission, il s’efforçait d’inspirer aux saints la vision de ce que serait l’Église au Brésil une fois que des pieux y seraient organisés.

Lors d’une conférence de district à la périphérie de São Paulo, il déplora qu’ils aient si peu de temps pour apprendre et être ensemble, en tant que saints. Il déclara : « Nous devons nous accrocher le plus possible à tout ce qui nous est enseigné. » Il exhorta les membres à soutenir leurs présidents de branche respectifs et à vivre en accord avec les principes de l’Évangile. Il expliqua qu’une branche est comme une voiture de course : « La SAM, la Primaire, la Société de Secours et l’École du Dimanche sont les quatre roues. La prêtrise est le moteur et le président de branche, le conducteur. » Chaque élément jouait un rôle dans le fonctionnement de la voiture.

Il les exhorta à respecter les commandements avec zèle. « Si nous voulons devenir un pieu, nous devons être obéissants. »


Au début de l’année 1966, LaMar Williams ne comprenait toujours pas pourquoi la Première Présidence l’avait fait revenir du Nigeria. Quelques heures après avoir reçu leur télégramme, il était monté dans un avion pour quitter le pays. Ses contacts au gouvernement nigérien ne voulaient pas qu’il s’en aille au beau milieu des négociations.

LaMar espérait recevoir davantage d’explications une fois de retour à Salt Lake City. Peu après son arrivée aux États-Unis, il fut reçu par la Première Présidence et exprima son étonnement d’avoir été appelé à rentrer si soudainement. Il leur parla de ses entretiens prometteurs avec des dirigeants gouvernementaux. Il mentionna les milliers de Nigériens vivement désireux de se joindre à l’Église.

Cependant, la Première Présidence avait déjà exprimé des doutes quant à l’avenir de cette mission. Pendant le séjour de LaMar au Nigeria, le président McKay avait appelé deux conseillers supplémentaires dans la Première Présidence, Joseph Fielding Smith et Thorpe B. Isaacson. Frère Isaacson, auparavant assistant des Douze, semblait particulièrement inquiet de la réaction des saints nigériens au sujet des restrictions concernant la prêtrise.

En outre, certains apôtres craignaient que le prosélytisme parmi les populations noires du Nigeria n’incite les groupes de défense des droits civiques des États-Unis à faire pression sur l’Église pour qu’elle lève cette restriction. D’autres redoutaient que la prédication de l’Évangile au Nigeria n’offense les autorités ségrégationnistes de l’apartheid en Afrique du Sud et ne les pousse à limiter l’œuvre missionnaire dans leur propre pays.

LaMar fit de son mieux pour rassurer la Première Présidence. Il déclara : « Il serait peut-être bon qu’une ou plusieurs Autorités générales se rendent au Nigeria et étudient la situation avant de prendre une décision définitive. » Toutefois, la Première Présidence n’était pas du même avis.

À la fin de la réunion, LaMar partit découragé. Il croyait que le Seigneur voulait qu’il établisse l’Église au Nigeria. Les Écritures enseignaient que le message de l’Évangile était pour tout le monde et que le Seigneur ne rejetait aucun de ceux qui venaient à lui, « noirs et blancs, esclaves et libres, hommes et femmes ». Si c’était vrai, pourquoi la Première Présidence l’avait-elle rappelé chez lui ?

Le 15 janvier 1966, deux mois après le retour de LaMar en Utah, des officiers de l’armée nigériane firent un coup d’État militaire, orchestrant le meurtre du Premier ministre et d’autres représentants du gouvernement. Les forces loyalistes mirent rapidement fin à la révolte, mais le coup d’État aggrava les tensions régionales et déstabilisa le pays.

LaMar fut ébranlé par cette nouvelle. Même s’il avait réussi à mettre en place une mission au Nigeria, le coup d’État aurait anéanti son travail. Il comprit alors que le moment n’était pas encore venu d’établir l’Église dans ce pays.

Cependant, il se fit beaucoup de soucis pour ses nombreux amis là-bas. Dans une lettre adressée à Charles Agu peu après le coup d’État, il écrivit : « Je suis désolé que la Première Présidence m’ait rappelé chez moi si brusquement. Dites-moi si je peux vous être utile d’une quelconque manière ou si je peux vous encourager dans votre désir de servir le Seigneur et les personnes qui vous entourent. »

Il poursuivit : « Charles, cela me briserait le cœur si vous perdiez la foi et le courage de poursuivre l’excellent travail que vous avez commencé. Je n’ai jamais douté que l’œuvre du Seigneur sera un jour établie dans votre pays. Je le ressens et je suis sûr que l’Esprit en rend témoignage. Par contre, je ne sais pas combien de temps cela prendra. »


À la même époque, à Colonia Suiza, en Uruguay, Delia Rochon lisait le Livre de Mormon chez elle lorsqu’elle reçut une impression spirituelle : « Tu dois partir. »

Elle n’avait jamais ressenti d’inspiration si puissante. Elle n’avait que seize ans. Quitter son foyer bouleverserait sa vie. Pourtant, elle savait aussi qu’en restant chez elle, sa progression en tant que disciple du Christ serait freinée.

Depuis son baptême, la mère de Delia la soutenait, elle était même venue à quelques activités de l’Église. Cependant, sa famille avait des difficultés financières, et il y avait des tensions entre son beau-père et sa mère. Son père, lui, vivait loin et pensait que l’Église l’isolait de sa famille. Lorsqu’elle allait chez lui, elle ne pouvait pas s’occuper de la Primaire ni assister à ses réunions.

Heureusement, plusieurs fois par an, Delia avait l’autorisation de quitter la maison pour se rendre à des conférences de district et à des activités organisées par la mission à Montevideo et dans d’autres villes. Elle aimait assister à ces réunions lointaines, en particulier aux conférences de la SAM où elle pouvait nouer des amitiés avec d’autres jeunes saints des derniers jours. Elle n’en avait pas l’occasion dans sa petite branche. La réunion de témoignage à la fin de chaque conférence rendait sa foi encore plus forte.

Peu après avoir reçu cette impression, Delia parla à son président de branche. Frère Solari connaissait sa famille et il n’essaya pas de la persuader de rester. Il mentionna la famille Pellegrini, qui vivait dans la même ville. Les parents n’étaient pas membres de l’Église, mais leur fille, Miryam, l’était.

Frère Solari déclara : « Voyons si sa famille pourrait te loger. »

La famille Pellegrini était toujours disposée à aider les personnes dans le besoin. Ils invitèrent volontiers Delia à vivre avec eux. Elle accepta leur aimable proposition et fut d’accord d’aider au nettoyage de la maison et de travailler quelques heures par jour dans le magasin de l’autre côté de la rue. Il avait été difficile pour Delia de quitter son foyer, mais elle s’épanouissait dans son nouvel environnement. Chez ses hôtes, elle trouva soutien et stabilité.

Sa vie n’était toutefois pas exempte de conflits. L’Uruguay était l’un des pays les plus prospères d’Amérique du Sud, mais son économie était en récession. Certaines personnes se méfiaient profondément des États-Unis et considéraient le communisme comme la réponse aux difficultés financières de leur pays. Lorsque d’autres pays d’Amérique du Sud connurent des revers économiques similaires, l’antiaméricanisme gagna le continent. Le siège de l’Église se trouvant aux États-Unis, on traitait parfois les saints sud-américains avec méfiance et hostilité.

De nombreux camarades de classe de Delia exprimaient leur soutien au communisme. Pour éviter toute controverse, Delia ne révélait son appartenance à l’Église et ses croyances qu’à quelques camarades de classe. Si elle en parlait trop ouvertement, elle risquait d’être la cible de moqueries.

Un soir, les missionnaires se présentèrent à la porte de Delia. Comme elle était sur le point de partir pour se rendre à la SAM, les missionnaires l’accompagnèrent. C’était une belle soirée, mais à mesure qu’ils approchaient de la place de la ville, Delia savait ce qui les attendait. Nombre de ses camarades s’y réunissaient souvent. S’ils la voyaient en compagnie de missionnaires nord-américains, ils découvriraient qu’elle était membre de l’Église.

Delia regarda les missionnaires et décida qu’elle ne pouvait pas avoir honte d’être en leur présence. Elle se dit : « Je sais que je suis mormone, mais à quel point ? »

Prenant son courage à deux mains, elle traversa la place aux côtés des missionnaires. Elle savait qu’elle serait mise à l’écart à l’école, mais elle ne pouvait pas renoncer à ses convictions. Son témoignage de l’Évangile rétabli était plus fort.

Comme Joseph Smith, elle savait que c’était la vérité. Elle ne pouvait le nier.


En février 1966, le président de la mission brésilienne, Wayne Beck, soumit une proposition aux dirigeants de l’Église, à Salt Lake City, recommandant l’organisation d’un pieu à São Paulo.

La ville comptait trois districts opérationnels, vingt branches et environ cinq mille cinq cents saints. À vrai dire, le président Beck et d’autres dirigeants locaux avaient envisagé de demander la création de plusieurs pieux. Cependant, comme il n’y avait pas encore de pieux en Amérique du Sud, ils avaient convenu qu’il serait préférable d’en organiser d’abord un, composé des unités les plus fortes de chaque district de São Paulo. Au cours des prochaines années, l’Église pourrait ensuite créer des pieux supplémentaires à São Paulo et dans d’autres villes brésiliennes.

Dans sa proposition, le président Beck expliquait : « Je pense que, dans cette région, nous disposons de dirigeants de qualité et de personnes tournées vers l’avenir comme il en existe partout dans le monde. Je les crois prêts à accepter ces responsabilités et à faire leur part. »

Le mois suivant, Spencer W. Kimball, l’apôtre qui supervisait les sept missions de l’Église en Amérique du Sud, présenta la proposition au Collège des Douze. La plupart des apôtres étaient très enthousiastes. Ils avaient voyagé dans toute l’Église et savaient à quel point les saints bénéficiaient des responsabilités d’un pieu. Sous la direction du prophète, plusieurs apôtres avaient déjà créé des pieux en dehors de l’Amérique du Nord. Ils témoignèrent qu’ils avaient ressenti l’Esprit en accomplissant cette tâche.

Après avoir étudié la proposition du président Beck, la Première Présidence et le Collège des douze apôtres autorisèrent la création du pieu. Une semaine plus tard, le président McKay et ses conseillers annoncèrent par courrier la nouvelle au président Beck.

Ils écrivirent : « Le conseil a ressenti à l’unanimité qu’un pieu doit être organisé au Brésil et que son siège sera situé à São Paulo. Nous prions que le Seigneur continue de vous bénir dans vos efforts. »


À Palerme, en Italie, Giuseppa Oliva continuait de faire connaître l’Évangile à ses amis et ses voisins. Parmi les personnes qu’elle enseignait se trouvait un jeune homme de dix-huit ans, Salvatore Ferrante. Il travaillait dans la même usine que son frère Antonino et avait été fasciné par les enseignements du Livre de Mormon.

Après avoir remis à Salvatore un exemplaire du livre, Giuseppa écrivit au président Mabey, afin d’obtenir plus de documentation. Il accepta de lui envoyer un Livre de Mormon supplémentaire, ainsi qu’un exemplaire des Doctrine et Alliances, traduites depuis peu en italien. Le président Mabey lui fit également savoir qu’il avait reçu une lettre de Salvatore exprimant son intérêt pour le baptême.

Il promit à Giuseppa : « Il se fera baptiser. En attendant, continuez de l’instruire et de l’y préparer. »

Quelques mois plus tard, Giuseppa se réunit avec le président Mabey, Salvatore et Antonino chez ce dernier, afin de voir si Salvatore était prêt pour le baptême. Ils parlèrent de la Parole de Sagesse, de la dîme et d’autres principes de l’Évangile, en s’appuyant sur les Doctrine et Alliances. Malgré la barrière de la langue, la discussion se déroula bien. Comme Salvatore vivait chez ses parents, le président Mabey expliqua qu’il avait besoin de leur permission pour se faire baptiser.

Le groupe prit un bus pour se rendre chez Salvatore. Il habitait dans une rue étroite où des cordes à linge étaient suspendues d’un bâtiment à l’autre. Bientôt, ils aperçurent le père de Salvatore, Girolamo, au coin de la rue. Le président Mabey s’approcha et le salua en allemand, la seule langue qu’il connaissait en dehors de l’anglais. Girolamo répondit dans la même langue, expliquant qu’il avait été prisonnier de guerre pendant deux ans à Vienne, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Dès qu’il apprit que le président Mabey était là pour baptiser son fils, il se mit à parler rapidement en italien. Son mécontentement se manifestait clairement dans sa voix et ses gestes. Giuseppa et son frère répondirent sur le même ton, tous parlaient sans s’écouter et leurs voix se répercutaient dans la rue.

En allemand, le président Mabey interrompit l’échange : « Je veux que vous sachiez que ce que votre fils veut faire est bon et juste. »

Ses paroles dissipèrent la tension. Girolamo invita le groupe à entrer chez lui, où Giuseppa insista pour qu’il autorise son fils à se faire baptiser. Elle rendit témoignage et le supplia de respecter le désir juste de son fils.

Il répondit finalement : « Si vous voulez le baptiser et s’il veut l’être, il a ma permission, à condition que je puisse y assister. »

Salvatore fut baptisé plus tard ce jour-là à la même plage qu’Antonino, six mois plus tôt.

Peu après sa confirmation, les saints se réunirent chez Antonino. Le président Mabey, avec Girolamo comme traducteur, parla de l’autorité de la prêtrise et conféra la Prêtrise d’Aaron à Antonino et Salvatore. Il organisa ensuite officiellement la branche de Palerme, qu’Antonino dirigerait. Après la réunion, le père de Salvatore déclara : « C’est un jour que je n’oublierai jamais. »

La semaine suivante, la branche se réunit chez Giuseppa et prit la Sainte-Cène. Peu après, le président Mabey l’informa que l’Église était en train d’organiser une mission italienne. Des missionnaires arriveraient bientôt en Sicile.

Il écrivit : « Je suis certain que votre rêve d’une branche à Palerme aussi grande que celle en Argentine se réalisera. »


Le jour de l’ouverture officielle du bureau centralisé d’édition brésilien de l’Église, Hélio da Rocha Camargo et son équipe s’agenouillèrent pour prier. Personne ne semblait savoir exactement quoi faire, mais cela n’inquiétait pas Hélio. Il était plus inquiet par le fait que tout le monde pensait qu’il savait quoi faire.

À son retour de Salt Lake City, il avait dressé une liste détaillée de toute la documentation de l’Église disponible dans les bureaux de la mission brésilienne et de la mission brésilienne du Sud. Il avait loué des bureaux dans un immeuble de São Paulo, y avait installé le siège et avait recruté une petite équipe pour organiser et traduire la documentation. Il avait notamment embauché Walter Guedes de Queiroz, qui avait quitté avec lui le séminaire méthodiste et s’était joint à l’Église.

À la fin du mois d’avril 1966, un mois après son ouverture, le bureau d’édition s’occupait de la distribution de toute la documentation de l’Église au Brésil. Les saints et les dirigeants de l’Église du pays commandaient désormais la documentation directement au bureau plutôt qu’à la mission. Hélio transféra également la production de A Liahona, le magazine de l’Église en portugais destiné aux saints brésiliens, de la mission au bureau d’édition.

Dans l’après-midi du mardi 26 avril, Spencer W. Kimball arriva à São Paulo pour organiser un pieu. Il devait appeler une présidence de pieu ainsi qu’un grand conseil de pieu et plusieurs épiscopats. De ce fait, il dormit très peu pendant les quelques jours suivants, s’entretenant avec des dirigeants potentiels dans la ville. Comme il ne parlait pas portugais, le président Beck lui servait généralement d’interprète.

Dans la plupart des entretiens, frère Kimball demandait : « Êtes-vous heureux dans l’Église ? » Ces hommes répondaient avec une sincérité émouvante. Certains disaient : « C’est toute ma vie. Je ne pourrais jamais vivre sans. » D’autres témoignaient : « C’est la meilleure chose au monde » ou « Je n’ai pas vraiment vécu avant de me joindre à l’Église ». Certains expliquèrent à frère Kimball comment l’Évangile avait changé leur vie, les aidant à se détacher de l’alcool, du tabac ou de l’immoralité sexuelle.

Hélio fut l’une des premières personnes avec lesquelles frère Kimball s’entretint. Beaucoup de gens pensaient qu’il ferait un bon président de pieu. En fait, au fur et à mesure des entretiens, frère Kimball écouta les frères faire l’éloge des qualités de dirigeant d’Hélio et le recommander pour l’appel. Pourtant, après avoir discuté avec lui une fois de plus, frère Kimball eut l’impression que le Seigneur lui réservait une autre tâche.

Le dimanche 1er mai, Hélio et Nair, leurs enfants et plus de mille cinq cents saints se rassemblèrent dans un grand lieu de réunion de São Paulo pour assister à l’organisation du pieu. Pour faire de la place, les rideaux séparant la salle de culte de la salle culturelle avaient été ouverts. Une fois tous les sièges occupés, certaines personnes installèrent des chaises dans les couloirs, tandis que d’autres prirent place dehors, écoutant la conférence grâce au système de sonorisation.

Avec beaucoup d’émotion, le président Beck commença la réunion. Après avoir souhaité la bienvenue aux saints, il laissa la parole à frère Kimball, qui déclara : « C’est une grande joie pour moi d’être ici, missionné par la Première Présidence de l’Église, en ce jour merveilleux, pour créer le premier pieu d’Amérique du Sud dans ce bel endroit qu’est São Paulo. »

Il résuma les débuts de l’Église en Amérique du Sud. Melvin J. Ballard, l’apôtre qui avait consacré l’Amérique du Sud à la prédication de l’Évangile rétabli en 1925, avait prophétisé que l’Église s’y développerait lentement, tel un petit gland devenant un grand chêne, et qu’elle finirait par devenir l’une des régions les plus fortes de l’Église.

Frère Kimball poursuivit : « Nous voyons comment elle se développe dans toute l’Amérique du Sud, en Argentine, en Uruguay, au Chili, au Pérou, au Paraguay et partout au Brésil, avec ses citoyens doux et gentils, qui ont accepté l’appel du Christ et ont consacré la meilleure partie de leur vie à la croissance de son Église. »

Lisant une déclaration préparée en portugais, il créa alors le pieu de São Paulo avec sept nouvelles paroisses et une branche. Il appela Walter Spät, fabricant de meubles, comme président de pieu. Walter était devenu membre de l’Église en 1950. Il avait été président de branche et de district avant de devenir l’assistant de la présidence de mission.

Après avoir appelé la présidence de pieu et d’autres dirigeants de pieu, qui étaient tous des saints locaux, frère Kimball annonça les nouveaux épiscopats et la nouvelle présidence de branche. Hélio fut appelé à servir en tant qu’évêque de la deuxième paroisse de São Paulo.

Le poids de l’appel pesa sur ses épaules. Malgré son expérience en tant que dirigeant dans l’Église, il n’avait jamais été président de branche ni de district. La responsabilité de servir une grande assemblée lui paraissait énorme. Il savait néanmoins que le Seigneur bénissait ses serviteurs et les aidait à réussir.

Il avait d’ailleurs récemment dit à un groupe de dirigeants de la prêtrise : « Ésaïe pensait qu’il ne pourrait pas être prophète, mais il a accepté l’appel et est allé de l’avant. Lorsque nous sommes appelés à une tâche, nous répondons que nous n’en sommes pas capables. Si nous pensons comme cela, nous n’en serons jamais capables. Nous devons nous souvenir que c’est le Seigneur qui nous appelle, et nous ne devons pas le nier. »

Après la conférence, frère Kimball serra la main des saints. Hélio se tenait à proximité, souriant et saluant les membres. Le lendemain, il retournerait travailler au bureau centralisé d’édition, et le soir, il tiendrait une réunion d’épiscopat, peut-être la première du continent.

C’était un nouveau jour pour Hélio et un nouveau jour pour l’Église.

  1. Camargo, Oral History Interview, p. 26 ; Camargo, Reminiscences, p. 51-52.

  2. Camargo, Oral History Interview, p. 26 ; Camargo, Reminiscences, p. 52 ; Grover, « Mormonism in Brazil », p. 299-300 ; Missionary Department, Full-Time Mission Monthly Progress Reports, mai 1957 et octobre 1965 ; First Presidency and Presiding Bishopric, Minutes, 5 septembre 1964 et 29 janvier 1965, First Presidency, General Administration Files, 1921-1972, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; « Fyans to Head Translation Unit », Church News, 1er mai 1965, p. 13. Sujets : Mexique ; Brésil

  3. Camargo, Reminiscences, p. 52 ; Camargo, Oral History Interview, p. 26 ; Wayne Beck and Evelyn Beck, Oral History Interview, p. 80-81.

  4. Camargo, Reminiscences, p. 53 ; Spencer W. Kimball, Journal, 1er mai 1966 ; « Reunião da presidencia com as juntas das organizações auxiliares da missão brasileira », 16 décembre 1965, Brazil São Paulo North Mission, Manuscript History, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Grover, « Mormonism in Brazil », p. 186-187 ; « New Brazilian Post », Church News, 4 décembre 1965, p. 10.

  5. « Reunião da presidencia com as juntas das organizações auxiliares da missão brasileira », 16 décembre 1965, Brazil São Paulo North Mission, Manuscript History, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Camargo, Reminiscences, p. 57 ; « Elder Helio R. Camargo of the First Quorum of the Seventy », Ensign, mai 1985, p. 93 ; Helio da Rocha Cam[a]rgo and Nair Belmira de Gouvea Camargo, Sealing Record, 24 novembre 1965, Temple Records for the Living, 1955-1991, microfilm 470 944, Bibliothèque FamilySearch ; Spencer W. Kimball, Journal, 24 novembre 1965. Sujets : Bénédictions patriarcales ; Scellement

  6. Camargo, Oral History Interview, p. 27.

  7. « Conferencia do distrito de Tietê », 30 janvier 1966, Brazil São Paulo North Mission, Manuscript History, Bibliothèque d’histoire de l’Église.

  8. Williams and Williams, Oral History Interview, p. 20 ; Williams, Journal, 6-7 novembre 1965, p. [155] ; McKay, Diary, 10 novembre 1965.

  9. Williams, Journal, 7 novembre 1965, p. [155] ; Williams and Williams, Oral History Interview, p. 20 ; McKay, Diary, 10 novembre 1965 ; Allen, LaMar Williams Interview Notes [11 juillet 1988], p. [2].

  10. Williams and Williams, Oral History Interview, p. 20 ; Tanner, Journal, 8 novembre 1965 ; McKay, Diary, 18, 21 et 28 octobre 1965 ; 4 et 10 novembre 1965 ; Henry A. Smith, « Pres. McKay Appoints Two More Counselors: Church Growth Is Cited », Deseret News, 29 octobre 1965, p. A1, A3 ; Saunders, « 1968 and Apartheid », p. 133-135.

  11. McKay, Diary, 10 novembre 1965 ; Allen, LaMar Williams Interview Notes [11 juillet 1988], p. [2] ; Williams and Williams, Oral History Interview, p. 20 ; 2 Néphi 26:33.

  12. Falola et Heaton, History of Nigeria, p. 172-173 ; Gould, Struggle for Modern Nigeria, p. 26-32 ; « Military Chief Rules Nigeria Government », Deseret News, 17 janvier 1966, p. A4 ; Williams and Williams, Oral History Interview, p. 20-21 ; voir aussi Allen, « West Africa before the 1978 Priesthood Revelation », p. 236-237.

  13. LaMar Williams to Charles Agu, 18 février 1966, Missionary Department, Africa and India Correspondence, Bibliothèque d’histoire de l’Église.

  14. Delia Rochon to James Perry, Email, 18 janvier 2022, Delia Rochon Interviews, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Rochon, Interview, p. 3-6, 18-19, 22-24, 28-29, 54-55, 57 ; Colonia Suiza Branch, Minutes, 11 décembre 1966, p. 37-38.

  15. Rochon, Interview, p. 8-9, 30, 42-44. Sujets : Organisation des Jeunes Gens ; Organisation des Jeunes Filles

  16. Rochon, Interview, p. 4-5, 53-55, 57.

  17. Paul and others, Paths to Victory, p. 266 ; « Reds of Every Shade Moving In on Uruguay », Daily News (New York City), 4 octobre 1964, home edition, p. 121 ; McDonald, « Struggle for Normalcy in Uruguay », p. 72 ; George Natanson, « Chaos Reigns in Latin Nations », Boston Globe, 15 août 1965, p. 51.

  18. Rochon, Come and See, p. 19-21 ; Rochon, Interview, p. 9-10, 62, 64-65, 67-68 ; Theodore Tuttle to First Presidency, 22 juin 1965, First Presidency, Mission Correspondence, 1964-2010, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Joseph Smith, Histoire 1:25.

  19. Brazil São Paulo North Mission, Manuscript History, 17 février 1966 ; Wayne Beck to A. Theodore Tuttle, 17 février 1966, A. Theodore Tuttle Files, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Proposal to Joseph Fielding Smith and Council of the Twelve, 23 mars 1966, First Presidency, Mission Correspondence, 1964-2010, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Wayne Beck and Evelyn Beck, Oral History Interview, p. 93-95 ; « 1st Latin Stake in Church », Deseret News, 3 mai 1966, p. B1.

  20. Proposal to Joseph Fielding Smith and Council of the Twelve, 23 mars 1966, First Presidency, Mission Correspondence, 1964-2010, Bibliothèque d’histoire de l’Église.

  21. Spencer W. Kimball, Journal, 17 et 24 mars 1966 ; « Foreign Stakes: Shall We Organize Stakes Other Than in America? », dans Spencer W. Kimball, Journal, 20 mars 1966 ; First Presidency to Spencer W. Kimball, 18 mai 1965, First Presidency, General Administration Files, 1921-1972, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Spencer W. Kimball to First Presidency, 9 juin 1966, First Presidency, Mission Correspondence, 1964-2010, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Cowan, Church in the Twentieth Century, p. 263, 266. Sujets : Mondialisation ; Collège des Douze

  22. First Presidency to Wayne Beck, 1er mars 1966, First Presidency, Mission Correspondence, 1964-2010, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Spencer W. Kimball, Journal, 24 mars 1966.

  23. Rendell Mabey to Giuseppa Oliva, 25 février 1966, copie en possession de la rédaction ; Salvatore Ferrante entry, Baptisms and Confirmations, 1966, Palermo Branch, Palermo District, Italian Mission, p. 31, dans Italy (Country), partie 2, Record of Members Collection, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Giurintano, Interview, p. [2] ; Simoncini, « La storia dei primi pionieri del ramo di Palermo », p. [1].

  24. Mabey, Journal, 10 mai 1966 ; « Day I’ll Never Forget », p. [1]-[2] ; Salvatore Ferrante entry, Baptisms and Confirmations, 1966, Palermo Branch, Palermo District, Italian Mission, p. 31, dans Italy (Country), partie 2, Record of Members Collection, Bibliothèque d’histoire de l’Église.

  25. Mabey, Journal, 10 mai 1966 ; « Day I’ll Never Forget », p. [2] ; Toronto, Dursteler et Homer, Mormons in the Piazza, p. 275-276.

  26. Toronto, Dursteler et Homer, Mormons in the Piazza, p. 276 ; Rendell Mabey to Giuseppa Oliva, 16 juin 1966, Giuseppa Oliva Papers, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Abner, Italian Mission Reminiscences, p. 26-28.

  27. Camargo, Reminiscences, p. 63.

  28. Camargo, Oral History Interview, p. 14, 27 ; Camargo, Reminiscences, p. 63 ; de Queiroz, Oral History Interview [2011], p. 6.

  29. « Reunião da presidencia da missão com presidentes dos distritos e membros do sacerdócio da missão distritos », 30 janvier 1966, Brazil São Paulo North Mission, Manuscript History, Bibliothèque d’histoire de l’Église ; Brazil São Paulo North Mission, Manuscript History, 16 avril 1966 ; Le Liahona (São Paulo, Brésil), avril 1966, p. 3 ; mai 1966, p. 3.

  30. Spencer W. Kimball, Journal, 25 avril au 2 mai 1966 ; Brazil São Paulo North Mission, Manuscript History, 26-30 avril 1966.

  31. Spencer W. Kimball, Journal, 1er mai 1966 ; Brazil São Paulo North Mission, Manuscript History, 26 et 28 avril 1966.

  32. Spencer W. Kimball, Journal, 1er mai 1966 ; Camargo and others, Oral History Interview, p. 13-14.

  33. Les saints, tome 3, chapitre 16 ; « São Paulo: A primeira estaca da América do Sul », Liahona (São Paulo, Brésil), juin 1966, p. 10 ; Sharp, Autobiography, p. 48.

  34. Evelyn Beck, Letter, 6 mai 1966, copie en possession de la rédaction ; « São Paulo: A primeira estaca da América do Sul », Liahona (São Paulo, Brésil), juin 1966, p. 11 ; Spencer W. Kimball, Journal, 1er mai 1966 ; Camargo, Oral History Interview, p. 23. Sujet : Paroisses et pieux

  35. « São Paulo: A primeira estaca da América do Sul », Liahona (São Paulo, Brazil), juin 1966, p. 11 ; Spencer W. Kimball, Journal, 1er mai 1966 ; Camargo, Reminiscences, p. 64. Sujet : Évêque

  36. Camargo, Oral History Interview, p. 23-24.

  37. « Reunião do sacerdócio da missão brasileira », 30 avril 1966, Brazil São Paulo North Mission, Manuscript History, Bibliothèque d’histoire de l’Église.

  38. Spencer W. Kimball, Journal, 1er mai 1966.

  39. Camargo, Reminiscences, p. 64. Sujet : Brésil