Message de la Première Présidence
Instruire nos enfants
On possède très peu d’écrits sur l’enfance de Jésus. On pourrait supposer que sa naissance a été d’une importance si révolutionnaire qu’elle a éclipsé les récits de son enfance. On est émerveillé par la maturité et la sagesse du garçon qui a quitté Joseph et Marie, et qu’on a retrouvé dans le temple, « assis au milieu des docteurs1 », leur enseignant l’Évangile. Quand Marie et Joseph lui ont fait part de leur inquiétude causée par son absence, il leur a posé la question pleine de profondeur : « Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père2 ? »
Les écrits sacrés disent de lui : « Jésus croissait en sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les hommes3. » Un passage obscur décrit le passage de l’enfance à l’état d’homme : « Il allait de lieu en lieu faisant du bien4. »
Grâce à Jésus-Christ, le monde a changé ; l’expiation divine a été accomplie, le prix du péché a été payé, et le caractère effrayant de la mort s’efface devant la lumière de la vérité et l’assurance de la résurrection. Malgré les années qui passent, sa naissance, son ministère et ce qu’il a laissé continuent de guider la destinée de tous ceux qui le suivent, comme il nous a exhortés à le faire avec tant d’insistance.
Chaque jour, chaque heure, des enfants naissent de mères qui, la main dans la main de Dieu, sont entrées dans la vallée de l’ombre de la mort, afin de donner la vie à un fils, à une fille, pour apporter de la joie à une famille, à un foyer et, en un certain sens, à un coin de la terre.
Ces précieuses années de la petite enfance lient la mère et le père au fils ou à la fille. On remarque le moindre sourire. On calme la moindre peur. On satisfait la moindre faim. Peu à peu l’enfant grandit. Un poète a écrit que dans chaque enfant se trouve « une tendre fleur d’humanité nouvelle, à peine tombée du foyer de Dieu pour s’épanouir sur la terre5 ».
L’enfant grandit en sagesse ainsi qu’en stature, idéalement avec l’aide de parents justes qui le guident. Il est urgent qu’il apprenne et qu’il agisse.
Certains parents se désintéressent de ces responsabilités, pensant qu’elles peuvent être repoussées jusqu’à ce que l’enfant ait grandi. De toute évidence, il n’en est pas ainsi. Les moments idéaux pour instruire sont fugaces. Les occasions sont éphémères. Les parents qui attendent pour assumer leurs responsabilités d’éducation risquent de comprendre plus tard avec amertume les propos suivants de Whittier : « De tous les mots prononcés ou écrits, voici les plus tristes : ‘ Ah, si seulement …’6 »
Glenn Doman, auteur éminent et scientifique de renom, a tiré les conclusions de toute une vie de recherche en déclarant : « Ce qu’on met dans le cerveau de l’enfant pendant les six premières années de sa vie a toutes les chances d’y rester… Si l’on place des informations erronées dans son cerveau [pendant cette période], il est extrêmement difficile de les en effacer7. »
Cette évidence devrait inciter chaque parent à un engagement renouvelé : « Il faut que je m’occupe des affaires de mon Père. » Les enfants apprennent quand on les dirige avec douceur et qu’on les instruit avec persuasion. Ils cherchent des modèles à imiter, des connaissances à acquérir, des choses à faire et des enseignants à satisfaire.
Parents et grands-parents remplissent le rôle d’enseignants. De même que les frères et sœurs aînés de l’enfant qui grandit. À cet égard, je soumets à votre méditation quatre idées simples :
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Enseignez la prière
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Inspirez la foi
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Vivez selon la vérité et
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Honorez Dieu
Premièrement, enseignez la prière .
Par la prière, un petit enfant
Peut, lui aussi, parler ;
Appel sublime, s’élevant
Au Père sans douter8.
On apprend à prier en priant. On peut consacrer d’innombrables heures à examiner les expériences des autres, mais rien ne marque plus le cœur de l’homme qu’une prière personnelle fervente et sa réponse venant du ciel.
Cela a été le cas pour le jeune Samuel. Telle a été l’expérience du jeune Néphi. Telle a été la prière pleine de conséquences du jeune Joseph Smith. Telle peut être la bénédiction de celui qui prie. Enseignez la prière.
Deuxièmement, inspirez la foi.
On peut beaucoup apprendre de nos ancêtres pionniers qui ont affronté leurs difficultés et leurs chagrins avec courage et avec une foi constante au Dieu vivant. Il y a des années, Bryant S. Hinckley, le père de notre Président, a écrit un livre intitulé The Faith of our Pioneer Fathers (La foi de nos pères, les pionniers). Des récits bien écrits tels que ceux contenus dans cet ouvrage rappellent aux membres de l’Église de partout notre patrimoine pionnier. Des jeunes et des enfants faisaient partie des milliers de personnes qui ont tiré et poussé des charrettes à bras, ou parcouru à pied la piste pionnière, tout comme ils font partie aujourd’hui des saints qui sont des pionniers dans leur partie du monde. Je ne pense pas qu’il y ait aujourd’hui un seul membre de l’Église qui n’ait pas été touché par les récits des premiers pionniers. Ceux qui ont tant fait pour le bien de tous avaient sans doute pour but d’inspirer la foi. Ils y sont parvenus d’une manière remarquable.
Troisièmement, vivez selon la vérité.
Parfois c’est au foyer et auprès de ceux que l’on aime, qu’on apprend le mieux à appliquer la vérité.
Aux funérailles d’une Autorité générale, H. Verlan Andersen (1914-1992), l’un de ses fils lui a rendu hommage. Cela s’applique à nous, où que nous soyons, et quoi que nous fassions. C’est un exemple tiré d’une expérience personnelle.
Le fils de frère Andersen a raconté que, des années auparavant, il était sorti, un samedi soir, avec une camarade d’école. Il a demandé à son père s’il pouvait prendre la voiture. Alors que, les clés en main, il se dirigeait vers la porte, son père lui a dit : « Il n’y aura pas assez d’essence pour demain. N’oublie pas de faire le plein avant de rentrer. »
Le fils de frère Andersen a raconté ensuite qu’il avait passé une très bonne soirée. Il avait rencontré des amis, ils avaient mangé ensemble et tout le monde s’était bien amusé. Mais, avec tout cela, il avait oublié de suivre les instructions de son père et de prendre de l’essence avant de rentrer chez lui.
Le dimanche matin, frère Andersen s’est aperçu que la jauge indiquait que le réservoir était vide. Dans la famille Andersen, le jour de sabbat était fait pour adorer et remercier Dieu et non pour faire des achats. Le fils de frère Andersen a déclaré : « J’ai vu mon père enfiler son manteau, nous dire au revoir et partir à pied pour parcourir la longue route jusqu’à l’église afin de pouvoir assister à une réunion, tôt le matin. Le devoir appelait. La vérité l’emportait sur la facilité. »
À la fin de son oraison funèbre, le fils de frère Andersen a dit : « Jamais un fils n’a reçu de leçon plus efficace de son père que moi à cette occasion. Non seulement mon père connaissait la vérité, mais il l’appliquait. » Vivez selon la vérité.
Enfin, honorez Dieu.
Personne ne peut surpasser l’exemple du Seigneur Jésus-Christ dans ce domaine. La ferveur de sa prière à Gethsémané est particulièrement éloquente : « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne9. » Son exemple sur la croix cruelle du Golgotha pourrait inspirer des volumes entiers : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font10. »
Le Maître a enseigné à tous ceux qui sont disposés à écouter, une vérité simple mais éternelle et profonde rapportée par Matthieu. Nous apprenons qu’après être descendus de la montagne de la Transfiguration, Jésus et ses disciples se sont arrêtés en Galilée puis se sont rendus à Capernaüm. Les disciples ont dit à Jésus : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ?
« Et Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux,
« Et dit : Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.
« C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux.
« Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même11. »
Pour moi, il est significatif que Jésus ait tant aimé ces petits qui avaient quitté depuis peu la préexistence pour venir sur terre. Les enfants d’aujourd’hui comme ceux d’alors, sont une bénédiction, ils suscitent notre amour et nous poussent à faire le bien.
Est-il étonnant que le poète Wordsworth parle ainsi de notre naissance :
C’est en traînant des nuées de gloire
Que nous venons de Dieu qui est notre foyer.
Nous sommes entourés des cieux dans notre petite enfance12.
C’est au foyer que nous formons nos attitudes et nos convictions les plus profondes. C’est au foyer que l’espoir est nourri ou détruit. Stuart E. Rosenberg a écrit dans son livre The Road to Confidence (La route menant à la confiance) : « En dépit de toutes les nouvelles inventions et des modèles modernes, des modes et des obsessions populaires, personne n’a encore inventé ni n’inventera jamais quoi que ce soit qui remplace sa famille de manière satisfaisante13. »
Nous pouvons nous-mêmes apprendre de nos enfants et de nos petits-enfants. Ils ne connaissent pas la peur. Ils n’ont pas de doute que notre Père céleste les aime. Ils aiment Jésus et veulent lui ressembler.
Notre petit fils, Jeffrey Monson Dibb, alors qu’il avait six ans, était assis chez lui en compagnie d’une camarade qui avait aussi six ans, devant une table basse sur laquelle se trouvait une photo de Jeffrey R. Holland. La fillette a demandé en montrant la photo : « Qui est-ce ? »
Jeffrey a répondu : « Oh, c’est Jeffrey Holland, du Collège des douze apôtres. On lui a donné le même prénom que moi ! »
Un jour, cet homonyme de frère Holland est allé se promener avec sa petite amie. Ils ont monté les marches du perron d’une maison, sans savoir qui habitait là, ni s’il s’agissait de membres de l’Église. Ils ont frappé. Une dame a ouvert. Sans la moindre hésitation, Jeff Dibb lui a dit : « Nous sommes les instructeurs au foyer visiteurs. Est-ce que nous pouvons entrer ? » La dame les a fait entrer dans le salon et les a fait asseoir. Avec une foi totale, les enfants ont demandé à la dame : « Est-ce que vous avez des friandises pour nous ? » Que pouvait-elle faire ? Elle leur a donné une friandise, et ils ont eu une agréable conversation. Ensuite, les instructeurs inattendus sont partis, après avoir dit sincèrement « merci ».
« Revenez », leur a dit la dame en souriant.
« D’accord », ont-ils répondu.
Les parents des deux petits ont appris l’aventure. Je suis certain qu’ils se sont gardés de les sermonner Peut-être se sont-ils souvenus de l’Écriture : « Et un petit enfant les conduira14. »
Le bruit des rires des enfants qui jouent joyeusement ensemble peut donner l’impression que l’enfance ne connaît ni souci ni chagrin. Ce n’est pas le cas. Les enfants ont le cœur tendre. Ils aspirent à la compagnie d’autres enfants. Au célèbre Victoria et Albert Museum de Londres se trouve un chef-d’œuvre de la peinture, intitulé simplement Sickness and Health (La maladie et la santé). On y voit une petite fille dans un fauteuil roulant. Elle est pâle. Son visage exprime la tristesse. Elle regarde un joueur d’orgue de barbarie tourner la manivelle tandis que deux petites filles, insouciantes et heureuses, sautillent et dansent.
Il arrive à tout le monde de connaître la tristesse et le chagrin, y compris aux enfants. Mais ils ont de la résistance. Ils supportent remarquablement le fardeau qu’ils peuvent être appelés à porter. Cette vertu est peut-être décrite par le magnifique psaume : « Le soir arrivent les pleurs, et le matin l’allégresse15. »
Je vais maintenant vous dépeindre une situation de la sorte. Loin d’ici, à Bucarest, en Roumanie, Lynn Oborn, médecin, exerçait bénévolement dans un orphelinat. Il essayait d’enseigner au petit Raymond, qui n’avait jamais marché, à se servir de ses jambes. Le garçonnet était né avec des pieds bots, et était aveugle. Une récente opération effectuée par le docteur Oborn avait corrigé la déformation des pieds, mais Raymond n’était toujours pas capable de se servir de ses jambes. Le médecin savait qu’un déambulateur adapté à la taille de l’enfant permettrait à Raymond de se tenir debout, mais il n’y en avait pas en Roumanie. Je suis certain que ce médecin qui avait fait tout ce qu’il pouvait sans déambulateur, pour aider le garçon, a fait des prières ferventes. La cécité peut limiter un enfant, mais l’incapacité de marcher, de courir, de jouer peut blesser son esprit précieux.
Tournons-nous maintenant vers Provo, en Utah. La famille de Richard Headlee, apprenant la souffrance qui existe en Roumanie, s’est jointe à d’autres personnes pour affréter un conteneur de douze mètres de long, rempli de 18 tonnes de produits nécessaires, entre autres de nourriture, de vêtements, de médicaments, de couvertures et de jouets. La date prévue pour l’expédition est arrivée. Aucun des participants au projet ne savait qu’on avait besoin d’un déambulateur à la taille d’un enfant. Cependant, au tout dernier moment, une famille a apporté un déambulateur d’enfant et l’a déposé dans le conteneur.
Le conteneur tant attendu est arrivé à l’orphelinat, à Bucarest. Le docteur Oborn était présent quand on l’a ouvert. Chacun des objets qu’il contenait allait être immédiatement employé à l’orphelinat. Quand la famille Headlee s’est présentée au docteur Oborn, il a dit : « J’espère que vous m’avez apporté un déambulateur d’enfant pour Raymond ! »
L’un des membres de la famille Headlee a répondu : « Je me souviens vaguement d’en avoir vu un, mais je ne sais pas de quelle taille. » Un autre membre de la famille a été renvoyé au conteneur. Rampant entre les ballots de vêtements et les boîtes de nourriture, il a cherché le déambulateur. Il l’a trouvé, l’a brandi et s’est écrié : « C’est un petit ! » Des exclamations de joie se sont élevées, bientôt suivies de larmes, car tous se rendaient compte qu’ils avaient participé à un miracle d’aujourd’hui.
Certains diront peut-être : « Il n’y a pas de miracles aujourd’hui. » Mais le médecin dont les prières ont été exaucées répondrait : « Oh, si, il y en a. Et Raymond marche ! » La personne qui a eu l’inspiration de donner le déambulateur a été un instrument bien disposé, et elle serait sûrement du même avis.
Qui a été l’ange de miséricorde touché par le Seigneur pour jouer un rôle vital dans cette épopée ? Elle s’appelle Kristin, et elle est atteinte de spina-bifida depuis sa naissance, comme sa sœur cadette Erika. Les deux enfants ont passé de longues journées et des nuits d’inquiétude à l’hôpital. La médecine moderne, exercée avec amour, conjointement avec l’aide de notre Père céleste, leur a permis d’acquérir un peu de mobilité. Ni l’une ni l’autre n’est déprimée. Elles encouragent les autres à persévérer. Kristin est maintenant étudiante et vit de manière autonome, et Erika est une lycéenne active.
J’ai eu un jour l’occasion de dire à Kristin, qui avait envoyé son déambulateur en Roumanie : « Merci d’avoir écouté l’Esprit du Seigneur. Tu as été l’instrument du Seigneur pour répondre à la prière d’un médecin et au souhait d’un enfant. »
Plus tard, j’ai dit mon propre « merci » à Dieu pour les enfants, pour les familles, pour les miracles de notre époque.
Suivons diligemment son exhortation : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent16. »
Dieu, notre Père, a confié de précieux enfants à nos soins sur la terre. Pour eux, puissions-nous enseigner la prière, inspirer la foi, vivre selon la vérité et honorer Dieu . Alors nous aurons des foyers célestes et des familles éternelles. Pour quelles plus grandes bénédictions pourrions-nous prier ? Quel plus grand don pourrions-nous souhaiter ? Aucun !
Idées Pour Les Instructeurs Au Foyer
Après vous être préparés par la prière, donnez ce message à l’aide d’une méthode qui incitera les personnes que vous instruisez à participer. Voici quelques exemples :
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Parlez brièvement de l’exode des pionniers et de ses difficultés. Demandez aux membres de la famille s’ils connaissent des pionniers modernes. Demandez quelles leçons nous pouvons tirer de leurs exemples de foi.
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Racontez brièvement l’exemple qu’a été frère Andersen pour son fils. Demandez aux membres de la famille s’ils se souviennent de moments où leurs parents ou des enseignants leur ont montré le bon exemple.
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Racontez l’histoire de Kristin qui a envoyé son déambulateur en Roumanie. Demandez aux membres de la famille de raconter l’expérience de personnes qu’ils connaissent et qui ont été une bénédiction pour d’autres en suivant l’inspiration.