Perfectionnement des saints
Tous sont pareils pour Dieu
Ce dimanche matin 7 février, je n’avais pas prévu une seule seconde de rendre mon témoignage. En préparant mon sac, ma cravate, je pensais aux photocopies du plan de la branche que je devais distribuer. Je savais que des frères et des sœurs allaient rendre leur témoignage ; j’allais les écouter tranquillement, et la matinée se passerait ainsi.
Eh bien non… Cela ne s’est pas du tout passé comme ça !
Pendant mon trajet en bus pour aller à l’église d’Avignon, j’ai eu du temps pour lire. Dans le Liahona du mois de février, un premier article attira mon attention, puis un deuxième, sur le même thème, et encore un troisième. J’ai alors eu le sentiment incontournable de devoir témoigner d’un sujet que je suis le seul à avoir vécu dans mon entourage : l’épreuve de la prison.
Il me restait du temps pour réfléchir à ce que j’allais dire…
Depuis ma sortie de prison en 2015, je relis le Livre de Mormon.
Les Écritures qui parlent des apôtres et des prophètes qui sont allés en prison me touchent davantage, même si les époques sont différentes.
Voici l’une d’entre elles qui correspond à ce que j’ai ressenti. Elle se trouve dans Alma 36:27 :
« Et j’ai été soutenu dans des épreuves et des difficultés de toute espèce, oui, et dans toutes sortes d’afflictions ; oui, Dieu m’a délivré de prison, et des liens, et de la mort ; oui, et je place ma confiance en lui, et il me délivrera encore. »
En fait, ce n’est pas le juge d’application des peines qui m’a fait sortir du monde carcéral, car chaque demande de permission de sortie et d’aménagement de ma peine pour préparer ma réinsertion m’a été refusée.
C’est Dieu qui m’a fait sortir de prison, par la visite au parloir de la maison d’arrêt du Pontet, puis du centre de détention de Tarascon, de l’évêque Charles Mauclair, qui a tout mis en œuvre pour me garder pratiquant dans l’Église.
Aucun membre connaissant mon passé ne m’a jugé, mais j’ai plutôt été encouragé à aller au temple et à continuer mon histoire familiale.
Depuis ma sortie de prison, j’ai consacré mon temps à publier mon journal de poésies illustrées de dessins, puis deux romans qui parlent de ce lieu d’enfermement.
Je dessine et je peins les portraits des écrivains qui ont fait de la prison : de Céline à Apollinaire, en passant par Joseph Smith et Anne Frank, trente-deux portraits au total. Je m’inspire des citations et de la vie de ces personnes.
Cette année, je vais participer au 12e Concours international d’Art de l’Église en présentant un tableau sur lequel je travaille actuellement. Il s’agit du temple de Kirtland, que j’ai donc le privilège d’avoir sous les yeux tous les jours, ainsi que les plaques d’airain, et le thème du concours : « Tous sont pareils pour Dieu 1», traduit en plusieurs langues et calligraphié en style chancelière.
En lisant le Liahona, et plus particulièrement l’article de Marissa Widdison, j’ai ressenti très fort que je devais aussi témoigner que le Seigneur ne nous oublie pas, où que nous soyons, car « tous sont pareils pour Dieu ».
Aujourd’hui, j’ai le désir d’entrer en relation avec des personnes incarcérées afin de leur écrire et leur apporter la paix au cœur, comme je l’ai reçu un jour grâce à l’Évangile et aux disciples du Seigneur qui ont veillé sur moi.