Témoignage de pionniers en France
À la merci de notre foi…
Jusqu’à cet été de 1980, la branche de Bayonne avait son siège dans un local mitoyen d’un appartement dans une ville jumelée ; or, nos voisins ont dû déménager.
Dès leur arrivée, les nouveaux voisins nous ont manifesté que nos activités et réunions perturbaient leur repos dominical. De ce fait, afin de répondre à leurs réclamations urgentes et devant les menaces de poursuites judiciaires, nous avons été contraints de laisser avec regret ce local où la branche se réunissait depuis une douzaine d’années.
Nous avons donc recherché un endroit pour nous réunir convenablement en vue de sanctifier le jour du sabbat. Mais de nombreuses démarches se sont avérées infructueuses.
Le dimanche 20 juillet 1980, nous avons pu tenir nos réunions dans une salle municipale de Biarritz, par faveur « exceptionnelle ». Par contre, le dimanche suivant, nous étant présentés au même endroit, nous avons trouvé porte close !
Où aller ?
Une décision immédiate s’imposait. À la suite du président de branche, frère Robert Sorhaïtz, nous avons fait route vers la forêt de pins de Chiberta (Commune d’Anglet) en quête d’un site naturel propice.
Devant cette épreuve, les membres ont tous réagi positivement, sans un murmure, les frères et les sœurs plus âgés ouvrant même la marche jusqu’à la clairière qui fit l’unanimité de nos suffrages.
Le dimanche 14 septembre, date de l’ouverture de la chasse, la forêt retentissait de coups de fusil et une gerbe de plombs crépita en retombant pendant la réunion de Sainte-Cène, effleurant le pied de sœur Crocq de la branche de Rouen, en vacances dans la région.
Plusieurs fois, sans jamais intervenir, des représentants de l’ordre sont venus nous observer, un peu intrigués de nous voir chanter et prier en tenue de ville dans la forêt.
Pour toutes ces réunions de sabbat (Prêtrise, Société de Secours, Primaire et Sainte-Cène), nous avons été vraiment bénis, car nous avons toujours bénéficié d’un beau soleil. Le 28 septembre, le temps était incertain, des gouttes tombaient à notre arrivée dans la clairière, mais la foi était si grande que personne n’ouvrit son parapluie et la pluie s’arrêta durant toute la durée des réunions, elle ne reprit qu’au moment de regagner les voitures !
Toutes ces expériences nous ont rapprochés de l’esprit pionnier, et même les frères et sœurs en vacances dans notre région ont partagé de bon cœur les aléas de cette situation peu commune. Pour les amis de l’Église, leur assiduité ne faiblit pas et pour certains ce fut même leur premier contact avec les réunions spirituelles de l’Église.
Nous retiendrons particulièrement deux réunions de témoignages, la première et la dernière qui ont révélé la ferveur et la confiance de tous les participants exprimant du fond du cœur leur témoignage et leur reconnaissance pour cette belle salle octroyée par notre Père des Cieux.
Cette expérience a confirmé qu’un petit sacrifice valait bien de préserver et d’exprimer vis-à-vis de nos voisins l’Esprit de paix particulier qui anime les saints.