Le Médiateur
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés1. »
Lors d’une discussion difficile avec un être cher, une parole blessante me coupa le cœur plus profondément que je ne le pensais et les sentiments qui se bousculèrent en moi me prirent de surprise par leur intensité.
Non seulement la discussion avait été un échec, mais j’étais indignée par les mots qui m’avaient été adressés. J’avais tellement mal.
Une heure environ après le problème, assise dans mon lit, je savais que je devais pardonner, mais j’agitais ma souffrance comme une bannière de guerre, et je m’en sentais incapable.
Je commençai une conversation avec Dieu dans laquelle je lui expliquai ma version des faits et j’insistai bien sur le fait que la personne m’avait condamnée à tort et n’avait exprimé aucun remords.
Une vieille vidéo du séminaire et de l’institut me revint en tête à ce moment précis.
Elle parlait d’un jeune homme qui souhaitait acheter des terres cultivables à crédit. Le banquier lui posa les termes du contrat et le mit en garde contre un défaut de paiement ; le jeune homme, trop heureux de réaliser son rêve, l’assura de bien tout payer et signa le contrat. Il travailla dur et commença à rembourser sa dette.
Avec le temps les paiements se firent de plus en plus espacés et de plus en plus petits jusqu’au jour où la dette devait être acquittée, mais le jeune homme en était incapable.
Le créancier et le débiteur plaidèrent chacun leur cause. Le banquier dit que les exigences de la justice devaient être satisfaites : le débiteur lui devait de l’argent, et il ne serait pas juste que la dette ne soit pas payée.
Le jeune homme, lui, plaidait pour la miséricorde.
Mais il devint clair que s’il y a justice, il n’y a pas miséricorde et s’il y a miséricorde, il n’y a pas de justice.
Une troisième personne entra sur scène, c’était un ami du jeune homme. S’adressant au créancier il offrit de payer pour son ami et lui demanda s’il accepterait d’acquitter la dette du jeune homme dans ces conditions. Il demanda ensuite à son ami s’il accepterait son offre de payer sous condition qu’il devienne son nouveau créancier.
J’avais longtemps estimé que le créancier était le méchant de l’histoire, mais ce soir-là dans mon lit, je me rendis compte que j’étais moi-même la créancière, et que j’étais peut-être dans mon droit.
Une personne m’avait causé du tort, et je demandais réclamation.
Dans mon lit, je ressassais tout cela les mains posées, paumes vers le haut, quand j’eus le sentiment physique que quelqu’un posait un sac de pièces d’or dans ma main. Je soulevai la main, vide, mais lourde, et j’entendis très clairement dans mon Esprit : « Je paierai pour lui. »
Autant je me sentais incapable de pardonner quelques minutes plus tôt, autant je me sentais incapable de ne pas pardonner en sentant le poids de l’expiation du Sauveur dans ma main.
Ma souffrance disparut instantanément et fut remplacée par de l’amour. Ma soif de justice fut rassasiée, miséricorde (mon pardon) fut accordée.
Je dois régulièrement refaire ce processus de pensée quand je suis blessée par quelqu’un, mais il est de plus en plus évident que je suis autant endettée envers mon Sauveur que les personnes qui me font du mal.
Je ne suis pas en état de garder rancune envers elles quand j’ai moi-même été rachetée à grand prix.
Une des autres leçons de cette expérience est que la dette n’a pas été annulée. La personne qui m’a fait du tort a simplement changé de créancier.
Ce n’est plus moi, mais Jésus.
Je sais qu’il vit, je l’aime, ses jugements sont justes et je lui fais confiance.