Le jour de son baptême
Tout commence approximativement en décembre 2018. Timothée a 8 ans, et on parle naturellement de son baptême comme pour ses frères qui se sont fait baptiser le mois de leur anniversaire.
Mais Timothée n’est pas partant, il refuse et nous n’insistons pas. Nous pensons qu’il n’aime pas attirer l’attention.
Nous attendons donc, en lui en parlant de temps en temps. À la Primaire, ses instructrices en parlent également.
Pendant le confinement, les réunions sont annulées, mais les baptêmes peuvent toujours avoir lieu et on propose à Timothée de se faire baptiser pendant cette période où il y aura moins de monde.
Mais il persiste dans son refus.
On lui en reparle à plusieurs occasions en fonction des événements ou des visites. Néanmoins, on ne veut pas lui mettre la pression et petit à petit on en parle moins.
Je suis un peu inquiète au début car je me dis que plus on attend, moins il en aura la volonté, et je pense qu’il sera en décalage avec les autres. Mais ensuite je suis rassurée, à commencer par l’évêque de l’époque et les paroles qu’il nous dit. Ensuite, je ressens souvent que Dieu veille sur lui (et sur nous) et qu’il ne sera pas isolé ou « rejeté » pour cela.
Les années passent.
Puis son frère Nathanaël prépare son dossier pour partir en mission et un soir, début août, lors de la soirée familiale, je lance à Timothée :
« Que penses-tu de l’idée de te faire baptiser avant que Nathanaël parte en mission ? ! »
Et là, il répond : « Oui. »
C’est la première fois qu’il n’en rejette pas l’idée. Je suis d’ailleurs surprise par sa réponse, mais je la prend comme elle vient et on met tranquillement en place les différentes étapes de préparation à son baptême. Nous pensons à ce moment-là qu’il doit recevoir les leçons missionnaires comme c’est le cas pour les enfants de plus de 10 ans non baptisés, alors qu’il ne lui aurait fallu qu’un entretien avec l’évêque s’il avait été baptisé avant.
Ces leçons missionnaires m’inquiètent car Timothée a du mal à parler à des personnes qu’il ne connaît pas.
On convient avec les sœurs missionnaires qu’il suivra les leçons par Zoom, car l’interface numérique lui permettra de communiquer davantage, et qu’il sera accompagné de son frère Thomas, lequel a un don pour faire faire les choses à Timothée et interagit plus calmement avec lui.
Tout se passe bien et les leçons ont lieu ! On prie aussi beaucoup et on est reconnaissant que tout se passe au mieux.
Les sœurs sont patientes et très gentilles, et un lien commence à se créer. Thomas est aussi persévérant et prend le temps de l’accompagner chaque semaine.
En cherchant une date qui peut convenir, des amis m’apprenne que leur fille se fera baptiser le dimanche 12 novembre et proposent que Timothée se fasse baptiser le même jour qu’elle.
Après avoir réfléchi à cette proposition qui va à l’encontre de ce qu’on avait imaginé (le moins de monde possible, pas d’annonce officielle), on se dit que ce serait sûrement la bonne solution. En effet, s’il y a deux baptêmes, l’attention ne sera pas que sur Timothée et se faire baptiser avec quelqu’un pourrait aussi le motiver. Par ailleurs, les deux sœurs choisies pour les discours sont idéales pour Timothée et il accepte cette organisation.
La date approche et il est prêt.
À la réunion de témoignage du dimanche précédent, Thomas rend un témoignage puissant sur le baptême et exprime le fait que la préparation de son frère l’a touché et qu’il est si fier de lui. Ce jour-là, l’annonce est faite officiellement en réunion de Sainte-Cène et à ce moment-là, Timothée qui est assis à côté de moi, me dit :
« Oh, ça m’a fait une chaleur dans le cœur. »
On continue à prier pour que tout se passe bien et on constate avec joie que c’est le cas.
On se met d’accord pour que Nathanaël baptise son frère et que son père dirige la réunion et fasse la confirmation pour le don du Saint-Esprit (assisté par Nathanaël et deux amis).
C’est une très belle réunion.
Il y a finalement du monde, mais cela ne gêne pas du tout Timothée.
Nous sommes reconnaissants de sa décision. Quelques jours avant son baptême, nous avions appris qu’étant donné sa singularité, il n’était pas obligé de suivre les leçons missionnaires. Cependant, nous avions ressenti que cela avait été une bonne chose et que cela lui avait permis de renforcer son témoignage et celui de Thomas.
Je pense que si le baptême avait eu lieu lorsqu’il avait 8 ans, les choses n’auraient pas été pareilles et qu’à ses 12 ans, cela lui a été bien plus bénéfique et significatif.
Nous l’avons trouvé changé pendant ces dernières semaines et nous sommes confiants qu’il continuera ainsi sur le bon chemin.