« Traduction de la Bible par Joseph Smith », Révélations dans leur contexte, 2016
« Traduction de la Bible par Joseph Smith », Révélations dans leur contexte
Traduction de la Bible par Joseph Smith
Doctrine et Alliances 45, 76, 77, 86, 91
En traduisant le Livre de Mormon à la fin des années 1820, Joseph Smith n’apprit pas uniquement l’histoire des Lamanites et des Néphites.
Le texte du Livre de Mormon indiquait aussi plus d’une fois que « beaucoup de parties claires et précieuses » de la Bible avaient été perdues1. Pendant l’été 1830, juste quelques mois après la publication du Livre de Mormon, Joseph Smith commença une nouvelle traduction de la Bible destinée à rétablir certaines de ces parties claires et précieuses. Cet effort défiait l’opinion dominante de l’époque qui était que la Bible contenait la parole parfaite de Dieu telle qu’elle figurait dans le texte sacré de la version du roi Jacques.
La traduction n’eut pas lieu dans le sens traditionnel du terme. Joseph Smith ne consulta pas les textes hébreux et grecs, et n’utilisa pas des glossaires pour créer une nouvelle version en anglais. Il s’appuya plutôt sur la version du roi Jacques de la Bible et fit des ajouts et des changements à mesure que le Saint-Esprit les lui dictait.
Bien que Joseph ait fait beaucoup de corrections grammaticales mineures et modernisé un peu la langue, il se souciait moins de ces améliorations techniques que du rétablissement, par la révélation, de vérités importantes absentes de la Bible contemporaine. L’historien Mark Lyman Staker la décrivit comme une traduction « d’idées plutôt que de langue2 ».
Joseph Smith travailla diligemment à la traduction de l’été 1830 à juillet 1833. Il considérait ce projet comme une mission divine, « une branche de [s]on appel3 ». Bien que des parties aient été incluses dans les publications de l’Église avant sa mort, la traduction de la Bible par Joseph Smith ne fut pas publiée de son vivant.
Néanmoins, l’énergie que le prophète déploya pour cette œuvre ressortait des pages des Doctrine et Alliances ; le processus de traduction fut le catalyseur direct de beaucoup de révélations contenues dans ce livre, qui comprenait plus d’une douzaine de sections dont l’origine est directement liée au processus de traduction ou qui contiennent des instructions s’y rapportant adressées à Joseph et à d’autres personnes4.
Le processus de traduction
En octobre 1829, tandis que le Livre de Mormon était sous les presses de l’imprimerie de E. B. Grandin, Oliver Cowdery acheta à ce dernier la Bible du roi Jacques que Joseph Smith utilisa pour la traduction.
En juin 1830, Joseph Smith reçut une révélation à Colesville, dans l’État de New York, qu’il décrivit comme étant « les visions de Moïse5 ». Cette révélation servit peut-être de catalyseur pour l’œuvre de traduction. Elle figure aujourd’hui dans le chapitre 1 du livre de Moïse dans la Perle de Grand Prix. Les premiers manuscrits de la traduction de la Bible, commençant par Genèse 1 (maintenant Moïse 2), furent dictés à Harmony, en Pennsylvanie, environ un mois plus tard, à Oliver Cowdery et John Whitmer qui servaient de secrétaires. Peu de temps après, dans une révélation adressée à Emma Hale Smith, femme de Joseph, le Seigneur demanda qu’elle devienne la secrétaire de Joseph6 pour la traduction, ce qu’elle avait apparemment déjà fait pendant une courte période7. Au cours des mois qui suivirent, la traduction du livre de la Genèse avança.
En décembre de cette année-là, après son baptême dans l’Ohio, Sidney Rigdon se rendit à Fayette (New York), pour rencontrer le dirigeant de sa nouvelle religion. Joseph Smith reçut une révélation commandant que Sidney Rigdon soit son secrétaire : « Je te donne le commandement d’écrire pour lui ; et les Écritures seront données telles qu’elles sont en mon sein, pour le salut de mes élus8. »
Sidney Rigdon commença à servir de secrétaire. Peu de temps après que Joseph et lui eurent écrit l’histoire d’Hénoc, Joseph reçut l’instruction de cesser de traduire pendant un temps et de partir avec l’Église en Ohio. Il le fit, et peu de temps après son installation à Kirtland, la traduction redevint l’une de ses priorités. Début février 1831, Joseph reçut une révélation lui donnant l’instruction de construire une maison dans laquelle il pourrait « vivre et traduire9 ». Quelques jours plus tard, une autre révélation assura à Joseph que quand il le demanderait, les Écritures seraient données10.
Doctrine et Alliances 45
Les premiers travaux de traduction se concentrèrent sur le texte de la Genèse, mais une révélation du 7 mars 1831 modifia bientôt le cours des choses. Dans la révélation, intégrée au canon des Écritures dans Doctrine et Alliances 45, le Seigneur commanda à Joseph de mettre de côté l’Ancien Testament pour le moment afin de se concentrer sur la traduction du Nouveau Testament.
« Je vous donne maintenant de le traduire, afin que vous soyez préparés pour les choses à venir, car en vérité je vous dis que de grandes choses vous attendent11. »
En conséquence, le lendemain, Joseph et Sidney commencèrent à travailler à la traduction du Nouveau Testament. Ils continuèrent jusqu’à leur départ pour le Missouri l’été qui suivit, puis reprirent la traduction à l’automne, après que Joseph et Emma eurent déménagé à environ cinquante kilomètres au sud de Kirtland, à Hiram (Ohio), pour vivre dans la maison de John Johnson. Le déménagement était en partie motivé par le désir de Joseph de trouver un endroit « où travailler au calme à la traduction de la Bible12 ». Joseph Smith raconta plus tard que la majeure partie de son temps après son arrivée chez la famille Johnson fut consacrée à se préparer à poursuivre son travail de traduction
Il se mit aussi à superviser l’Église et à prêcher dans les régions alentour puis, en janvier 1832, il reçut une révélation lui commandant à nouveau de se concentrer sur l’œuvre de traduction « jusqu’à ce qu’elle soit terminée13 ». Sidney Rigdon et Joseph Smith étaient donc en train de traduire quand, le 16 février, ils reçurent une révélation marquante dans la maison des Johnson. En traduisant le livre de Jean, les questions des deux hommes menèrent à une vision des royaumes de gloire qui donnait d’importants nouveaux enseignements pour la jeune Église. Aujourd’hui, cette vision se trouve dans Doctrine et Alliances 76.
Sections 77 et 86
De même, une explication des passages de l’Apocalypse, maintenant Doctrine et Alliances 77, émergea directement de la traduction de la Bible. Sous la forme d’une série de questions et de réponses, elle fut considérée comme un texte inspiré et fut inclus dans un premier livre de révélations.
Joseph et Emma quittèrent la ferme des Johnson et retournèrent à Kirtland en septembre 1832. Durant les mois qui suivirent, Joseph continua à travailler diligemment à la traduction avec, cette fois, l’aide de Frederick G. Williams. En décembre, Joseph reçut une autre révélation découlant de la traduction, expliquant la parabole du bon grain et de l’ivraie figurant dans Matthieu 13. La révélation, maintenant Doctrine et Alliances 86, désignait les détenteurs de la prêtrise dans les derniers jours comme des sauveurs pour le peuple d’Israël14.
En juillet 1832, Joseph écrivit à W. W. Phelps : « Nous avons terminé la traduction du Nouveau Testament. »
Il écrivit aussi : « De grandes choses merveilleuses et glorieuses sont révélées », ajoutant qu’ils faisaient de rapides progrès dans la traduction de l’Ancien Testament et qu’avec la force de Dieu ils pouvaient faire toutes choses selon sa volonté15.
L’œuvre de traduction de l’Ancien Testament continua et, en janvier 1833, Joseph écrivit : « J’ai passé l’hiver à traduire les Écritures, à l’école des prophètes, et dans des conférences. J’ai eu beaucoup de grands moments pour me ressourcer16. » En mars 1833, le Seigneur commanda à Joseph de « présider les affaires de l’Église » quand la traduction serait terminée17. Il s’empressa alors de continuer son travail.
Doctrine et Alliances 91
Joseph Smith arriva à une section de sa Bible qui contenait un recueil de quatorze livres appelés les Apocryphes. Ces livres étaient présents dans la plupart des Bibles de l’époque de Joseph Smith, mais un sentiment général grandissant tendait à remettre en question leur statut d’Écritures18. Compte tenu du débat, Joseph voulut savoir s’il devait traduire ces livres. Il posa donc la question au Seigneur. La révélation qui en résultait, maintenant Doctrine et Alliances 91, enseigna à Joseph :« [bien qu’ils] contiennent beaucoup de choses qui sont vraies et [qu’ils] soient en majeure partie traduits correctement, ils contiennent beaucoup de choses qui ne sont pas vraies, qui sont des interpolations de la main des hommes » La révélation ajoutait : « En vérité, je vous dis qu’il n’est pas nécessaire que les Apocryphes soient traduits19. »
Joseph sauta donc cette section et continua à travailler sur la traduction de l’Ancien Testament pendant plusieurs mois jusqu’à ce qu’une lettre de la Première Présidence (Joseph Smith, Sidney Rigdon et Frederick G. Williams), datée du 2 juillet 1833, à Kirtland, adressée aux saints en Sion, annonçât qu’ils avaient, à ce jour, terminé la traduction des Écritures. » Les dirigeants ajoutaient : « Pour cela, nous exprimons notre gratitude envers notre Père céleste20. »
Patrimoine de la traduction
Après la mort de Joseph, sa veuve, Emma, conserva les manuscrits de la traduction, qui furent publiés par l’Église réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours en 1867. Pour l’Église actuelle, la traduction de Joseph Smith se trouve dans la Perle de Grand Prix (le livre de Moïse et Matthieu 24) et alimente de nombreuses notes de bas de page dans l’édition de la Bible du roi Jacques de l’Église.
Mais la traduction eut aussi une influence considérable sur l’Église puisqu’elle façonna le contenu des Doctrine et Alliances. Plus de la moitié des Doctrine et Alliances contient les révélations reçues pendant les trois ans durant lesquels Joseph Smith travailla à la traduction de la Bible21. De nombreuses révélations découlent directement de questions que Joseph s’est senti poussé à poser à mesure que sa compréhension de l’Évangile grandissait pendant qu’il travaillait à rétablir les parties claires et précieuses de la Bible.