L’influence d’une bonne vie droite
Quand nous voyons l’image du Christ dans la vie des autres, cela nous aide à le recevoir dans la nôtre.
Mes frères, je suis reconnaissant de faire partie de cette grande assemblée de détenteurs de la prêtrise. Je suis tout particulièrement reconnaissant d’un petit groupe de missionnaires avec lequel mon épouse et moi-même avons la bénédiction d’œuvrer dans la mission de New York Rochester. Parlant peut-être pour tous les présidents de mission et les parents des missionnaires, je voudrais leur dire pendant mon absence: «S’il vous plaît, servez avec ardeur, conduisez prudemment et soyez bons!»
Nous tous qui sommes détenteurs de la prêtrise de Dieu sommes engagés dans une cause commune glorieuse – aider notre Père céleste à réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme (voir Moïse 1:39). Cette tache, dans sa plus simple expression, implique que nous nous qualifiions pour recevoir les bénédictions de l’expiation du Sauveur et que nous aidions les autres à faire de même.
Au cours des années, tandis que j’ai lutté contre mes faiblesses et essayé, à ma manière, d’aider les autres à surmonter les leurs, j’ai reçu un soutien et une motivation de plusieurs sources. La prière personnelle, ma connaissance d’un Père céleste aimant et qui s’intéressait à moi, son plan de salut, les Ecritures, le temple et les incitations du Saint-Esprit m’ont tout particulièrement aidé. Cependant, l’influence et l’inspiration fournies par la vie de personnes nobles m’ont été, d’une certaine manière, plus immédiatement utiles. Je suis toujours impressionné et profondément touché par l’influence de, ne serait-ce qu’une seule vie droite.
Parmi les vies exemplaire de la riche histoire de notre peuple, je ne vais raconter que deux exemples. Le premier est tiré de la vie de Joseph Smith, le prophète.
Au cours d’un dur hiver en prison à Richmond, au Missouri, Joseph et environ 50 autres frères ont subi de dures épreuves. L’une des plus grandes a été de supporter les blasphèmes et le langage dégoûtant de leurs gardes qui se vantaient de leur cruauté indescriptible envers les saints:
Au cours d’une nuit plus particulièrement pénible Parley P. Pratt écrivit:
«J’avais écouté jusqu’à ce que je fusse si dégoûté, choqué et horrifié, et si rempli de l’esprit de justice indignée que j’avais du mal à m’empêcher de me lever et de réprimander les gardes; mais je n’avais rien dit à Joseph ni à personne d’autre, bien que je fusse couché à côté de lui et susse qu’il était éveillé. Soudain il se leva et parla d’une voix de tonnerre, comme un lion rugissant, disant, dans la mesure où je peux m’en souvenir, ce qui suit:
«Silence, démons du gouffre infernal! Au nom de Jésus-Christ je vous réprimande, et je vous commande vous taire. Je ne vivrai pas un instant de plus pour entendre pareil langage. Cessez ce genre de conversation ou bien vous ou moi mourrons à l’instant!
«Il cessa de parler! Il se tenait droit avec une majesté terrible. Enchaîné, sans arme, calme, serein et digne comme un ange, il posait les yeux sur les gardes tremblants qui baissèrent leurs armes ou les laissèrent tomber par terre, et qui, se blotissant dans un coin ou rampant à ses pieds, lui demandèrent pardon et restèrent silencieux jusqu’à la relève de la garde.
«J’ai vu les magistrats», poursuivit frère Pratt, «revêtus de robes et des criminels accusés devant eux, alors que la vie était suspendue à un souffle, dans les tribunaux d’Angleterre; j’ai vu un Congrès en session solennelle pour donner des lois à des nations; j’ai essayé de concevoir des rois, des cours royales, des trônes et des couronnes, et des empereurs assemblés pour décider du destin de royaumes; mais la dignité et la majesté, je ne les ai vues qu’une fois, tandis qu’elles étaient enchaînées, à minuit, dans un cachot d’un village obscur du Missouri» (Autobiophy of Parley P. Pratt, Salt Lake City, Deseret Book Company, 1985, p. 178-181).
Cette image du prophète Joseph réprimandant courageusement les forces du mal nous motive-t-elle à faire de même?
Le deuxième exemple est tiré de la vie de Willard Bean, un homme remarquable connu sous le nom de ministre combattant. Au printemps 1915, Joseph F. Smith, président de l’Eglise, appela Willard et sa jeune épouse, Rebecca à faire une mission de cinq années ou plus à Palmyra, dans l’Etat de New York. Leur tâche consistait à occuper la maison et la ferme de Joseph Smith récemment acquises et à rétablir l’Eglise dans l’environnement hostile qui prévalait encore à l’époque, à Palmyra.
Les Beans étaient rejetés partout quand ils se sont installés dans la maison des Smith. Les gens du village ne leur parlaient pas et ne les servaient pas dans les magasins. Les passants s’arrêtaient devant leur maison et lançaient des injures. Leurs enfants étaient relégués au fond de la classe et mis en quarantaine par les autres enfants.
Willard, qui était un athlète accompli et qui avait gagné des championnats de boxe, décida d’améliorer les relations publiques en organisant un tournoi de boxe à Palmyra. Un ring fut monté dans le vieux théâtre, et le ministre combattant lança un défi à tous ceux qui voulaient bien faire un match de boxe.
Quand le soir du tournoi arriva, les hommes les plus durs de Palmyra s’assirent au premier rang. L’un après l’autre, ils entrèrent sur le ring, juste le temps d’être sorti au bout de quelques secondes. Cela continua jusqu’à ce que le septième candidat fut envoyé au tapis.
Les talents de combattant de frère Bean furent utilisés d’une manière plus spontanée à une autre occasion tandis qu’il marchait dans les rues hostiles de Palmyra. Un homme qui arrosait sa pelouse cet après-midi-là retourna subitement le tuyau vers Willard et lança avec sarcasme: «J’ai entendu dire que vous baptisiez par immersion.» L’agile Willard sauta vivement par-dessus la barrière qui les séparait et répondit: «oui, et nous croyons aussi à l’imposition des mains!» (Willard Bean, «The Fighting Parson», p. 14).
Quoique les méthodes de frère Bean aient été peu orthodoxes et vraiment pas compatibles avec le programme missionnaire aujourd’hui approuvé par l’Eglise, elles étaient cependant efficaces. Les gens de Palmyra commencèrent à accepter les Beans comme les braves gens qu’ils étaient. Plus tard, ils furent invités dans les églises de la localité et à se joindre aux organisations civiques de l’époque. Ils établirent une branche de l’Eglise et aidèrent à acquérir la colline Cumorah et les fermes de Martin Harris et de Peter Whitmer. Les cinq années ou plus de mission auxquelles le prophète les avaient appelés s’étendirent sur près de 25 ans. Pendant cette période, l’attitude des gens de Palmyra était passée de l’hostilité envers les Beans à la tolérance, puis à l’admiration et finalement à l’amour. L’influence de vies droites est véritablement grande.
Je suis, aussi, personnellement très motivé par les modestes écrits et les traditions orales de mes propres ancêtres. Par exemple, quand il était jeune, mon grand-père se leva un matin de Noël avec une grande impatience. Il sortit de la chambre où il dormait pour vérifier les chaussettes qu’il avait accrochées au-dessus de la cheminée la veille au soir. A sa grande déception, il découvrit que tout son Noël cette année-là se résumait à un bonbon à la menthe. Il eut immédiatement une grande décision à prendre: devait-il manger le bonbon dans une grande bouffée de parfum ou devait-il le faire durer? La rareté d’une telle friandise le poussa à la faire durer. Il lécha délicatement l’unique bonbon plusieurs fois, le mit dans un papier et le cacha sous son matelas. Tous les dimanches suivants, après le déjeuner, il sortait le trésor de sous son lit et se réjouissait de sucer un peu le bonbon. De cette manière, il put apprécier le bonbon pendant l’année entière.
Ce n’est évidemment pas un récit bien héroïque. Mais, malgré tout, en ces temps d’indulgence extrême et d’excès, c’est assez inspirant et édifiant pour moi de savoir qu’un peu des qualités de frugalité de mon arrière-grand-père coule dans mes veines.
Le Seigneur est certainement conscient de notre besoin de ressentir l’influence de bonnes personnes. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles il a établi un modèle de travail en équipe quand nous œuvrons ensemble par la prêtrise pour le servir lui et ses enfants. C’est peut-être pourquoi il a conseillé: «Si quelqu’un d’entre vous est fort dans l’Esprit, qu’il amène celui qui est faible, afin qu’il soit édifié en toute humilité, afin qu’il devienne fort aussi» (D&A 84:106).
J’ai personnellement expérimenté le bénéfice d’un tel apprentissage dans la prêtrise. Au cours des années où je détenais la Prêtrise d’Aaron, un homme qui, ce soir, est un patriarche aux cheveux argentés, est devenu mon compagnon senior de visites au foyer. Sous sa sage tutelle et en dépit d’une résistance considérable de ma part, j’ai appris pour la première fois à «avertir, interpréter, exhorter et enseigner et inviter tout le monde à venir au Christ.» (D&A 20:59). Quand le moment est venu à l’âge de 19 ans de faire une mission à plein temps, je n’avais pas vraiment besoin d’un cours de préparation missionnaire; j’en avais eu un! Je remercie Dieu de l’amour et de l’influence de tels enseignants.
Avant de conclure, j’espère que vous pardonnerez une référence personnelle à mon père et à l’influence de sa vie droite sur la mienne. Durant plus d’un demi siècle, j’ai profité de sa sagesse, de sa générosité et de sa bonté. Je ne suis pas certain d’avoir pris conscience de l’étendue de son influence jusqu’à récemment quand je me préparais à rentrer à la maison après la dernière session d’une conférence de pieu à laquelle j’avais été envoyé. Un frère âgé est venu me voir. Il me remercia d’être venu et, faisant référence aux nombreuses fois où j’avais cité mon père et fait référence à ses enseignements pendant les sessions de la conférence, il dit: «Frère Jensen, si vous êtes encore invité à visiter notre pieu, pourquoi ne pas simplement envoyer votre père!» Mon espoir est d’avoir, dans des proportions plus modestes, une influence bénéfique semblable durable sur la vie de nos enfants.
La liste des personnes vaillantes qui touchent notre vie inclut les membres de la famille, les compagnons missionnaires, les amis, les dirigeants de l’Eglise, les enseignants et les associés de multiples milieux. Nous en connaissons certains de réputation et d’autres personnellement. L’influence moins évidente est celle que la plupart d’entre nous avons peut-être sur la vie des autres. Cette interaction est pour moi l’une des raisons pour lesquelles un groupe de saints des derniers jours fidèle est un élément fondamental de l’Evangile. Cela explique aussi pourquoi nous construisons des salles de réunions plutôt que des cloîtres.
C’est grâce à la vie de bonnes personnes que nous devenons plus proches de la vie du plus grand de tous les vivants. Quand nous voyons l’image du Christ dans la vie des autres, cela nous aide à le recevoir dans la nôtre.
Je remercie Dieu de la bénédiction que sont les bonnes personnes dans la vie de chacun d’entre nous et je prie que nous accomplissions autant que possible le même but dans la vie des autres. Au nom de Jésus-Christ, amen. 9