La prêtrise est un dépôt sacré
Notre Seigneur Jésus-Christ … est notre exemple et notre guide. Nous devons marcher dans ses traces pour accomplir notre appel dans la prêtrise.
Quelle pensée impressionnante suscite cette nombreuse assemblée de la prêtrise réunie dans le tabernacle à Temple Square et dans des centaines de bâtiments dans le monde entier! Je prie pour que l’Esprit me guide dans mes propos ce soir.
La présence des détenteurs de la Prêtrise d’Aaron me rappelle mes expériences quand j’ai quitté la Primaire après avoir appris par cœur les articles de foi, puis reçu la Prêtrise d’Aaron et l’appel de diacre. Distribuer la Sainte-Cène était un honneur et collecter les offrandes de jeûne un dépôt sacré. J’ai été mis à part comme secrétaire du collège des diacres, et, à ce moment, j’ai senti que mon enfance était terminée et que je commençais ma vie de jeune homme.
Jeunes gens, imaginez-vous le choc qui a été le mien quand, au cours d’une réunion de notre conférence de paroisse, j’ai entendu un membre de la présidence de pieu, après avoir demandé aux dirigeants de la prêtrise et des auxiliaires de prendre la parole, prononcer mon nom et indiquer mon office et, sans m’avoir averti, me demander de rendre compte de mon appel de secrétaire du collège des diacres et d’officier de paroisse. Je ne me souviens pas de ce que j’ai dit, mais j’ai été pénétré du sens de mes responsabilités, et cette impression ne m’a pas quitté depuis. J’espère sincèrement que chaque diacre, instructeur et prêtre est conscient de la signification de l’ordination à la prêtrise et de l’honneur qu’il a de remplir un rôle essentiel dans la vie de chaque membre en participant à la bénédiction et à la distribution de la Sainte-Cène tous les dimanches.
A l’époque où je détenais la Prêtrise d’Aaron, il me semblait que nous chantions toujours les mêmes cantiques au début de la réunion de prêtrise. C’étaient: «Que tous les fils de Dieu», «Quel fondement ferme», «Israël ton Dieu t’appelle», et quelques autres. Nos voix n’étaient pas excellentes, le volume n’était pas suffisant, mais nous connaissions les paroles et nous nous souvenions du message de chacun.
Je souris en me souvenant d’une histoire concernant frère Thales Smith qui servait dans un épiscopat avec l’évêque Israël Heaton. Un dimanche matin, sœur Heaton a appelé frère Smith et lui a dit que son mari était malade et ne pouvait pas assister à la réunion de prêtrise. Frère Smith l’a annoncé aux frères présents ce matin-là et a demandé à celui qui devait faire la prière d’ouverture de mentionner l’évêque Israël Heaton. Il a alors annoncé que le cantique d’ouverture serait «Israël, ton Dieu t’appelle». Il y a dû y avoir plus de sourires que de froncements de sourcils. Frère Heaton s’est rétabli.
Les activités préliminaires de la prêtrise peuvent être brèves, mais elles doivent être tenues dans chaque paroisse sans exception. Elles apportent à tous ceux qui sont assemblés un esprit d’unité, la fraternité de la prêtrise, et sont l’occasion d’un beau rappel de nos devoirs solennels.
Tous ceux qui détiennent la prêtrise ont des occasions de servir notre Père céleste et ses enfants ici-bas. Il est contraire à l’esprit de service de vivre égoïstement pour soi et d’ignorer les besoins des autres. Le Seigneur nous guidera et nous permettra d’être à la hauteur des tâches qui nous attendent. Rappelez-vous sa promesse et son conseil. «Le pouvoir et l’autorité de la prêtrise supérieure, ou Prêtrise de Melchisédek, est de détenir toutes les clefs de toutes les bénédictions spirituelles de l’Eglise, d’avoir le droit de recevoir les mystères du royaume des cieux, de voir les cieux s’ouvrir à eux, de communier avec l’assemblée générale de l’Eglise du Premier-né et de jouir de la communion et de la présence de Dieu le Père et de Jésus, le médiateur de la nouvelle alliance.»
Pour mériter cette bénédiction, il est nécessaire que chacun d’entre nous se rappelle qui est le dispensateur de chaque don et de chaque bénédiction. «La valeur des âmes est grande aux yeux de Dieu» n’est pas une phrase en l’air, mais une déclaration des cieux destinée à nous éclairer et à nous guider. Nous devons toujours nous rappeler qui nous sommes et ce que Dieu attend que nous devenions. Cette perle est cachée dans la comédie musicale «Un violon sur le toit», où Tevye, le paysan, donne des conseils à sa fille. D’autres pièces contemporaines comportent des pensées dignes de notre réflexion pour nous préparer à servir.
Dans Camelot, on trouve la remarque: «La violence n’est pas de la force, ni la compassion de la faiblesse.» Dans Shenandoah: «Quand on n’essaie pas, on ne fait rien; et si l’on ne fait rien, alors pourquoi est-on ici?» Eliza Doolittle, l’élève du professeur Higgins dans My Fair Lady, explique sa philosophie au colonel Pickering: «Ce qui fait qu’une femme est considérée comme une dame ou une marchande de fleurs n’est pas la manière dont elle se conduit, mais la manière dont on la traite. Pour le professeur Higgins, je serai toujours une marchande de fleurs, parce qu’il me traite et me traitera toujours comme une marchande de fleurs. Mais je sais que je peux être une dame pour vous, parce que vous me traitez et me traiterez toujours comme une dame.» Dans Camelot, encore, le roi Arthur lance cette supplication à Guenevièvre: «Nous ne devons pas laisser nos passions détruire nos rêves.» La liste continue. En réalité, chaque magnifique réflexion est une paraphrase des enseignements de notre Seigneur Jésus-Christ. Il est notre modèle et notre guide. C’est sur ses pas que nous devons marcher pour réussir dans nos appels dans la prêtrise.
Je vais vous citer ce soir les paroles de compagnons de service qui ont œuvré dans nos rangs, mais sont partis à présent vers leur récompense éternelle. Premièrement ces propos d’un président de pieu à un jeune évêque: «Le travail est extrêmement exigeant, mais voici trois directives qui vous permettront d’être un bon évêque: Nourrissez les pauvres, n’ayez pas de préféré et ne tolérez pas d’injustice.» A propos de cette dernière directive, Spencer W. Kimball a déclaré: «Pour traiter une transgression, appliquez un pansement suffisamment grand pour couvrir la blessure. Un pansement ni trop grand ni trop petit.» Deuxièmement, avant la création du pieu de Toronto en 1960, Elray L. Christiansen, alors assistant du Collège des Douze, a raconté pour le profit des dirigeants de la prêtrise, une leçon qu’il avait apprise lors de son appel comme président du pieu de Cache Est, à Logan, en Utah. Il a raconté que ses conseillers et lui s’étaient réunis pour discuter de ce dont les membres et le pieu avaient le plus besoin et des principes de l’Evangile que la présidence de pieu devait souligner. Leurs opinions variaient, de l’assistance à la réunion de Sainte-Cène à l’observance du sabbat, en passant par beaucoup d’autres sujets. Ils sont enfin tombés d’accord sur le fait que le principe dont ils avaient le plus besoin était la spiritualité. Ils appréciaient la vérité de l’observation: «Quand on traite de généralités, on a rarement de la réussite, mais quand on s’occupe des détails, on a rarement un échec.»
Le président Christiansen et ses conseillers ont détaillé leur plan de quatre ans de manière splendide. Première année: Nous accroîtrons la spiritualité des membres du pieu de Cache Est en amenant chaque famille à prier ensemble. Deuxième année, nous accroîtrons la spiritualité des membres du pieu de Cache Est en amenant tous à assister à la réunion de Sainte-Cène toutes les semaines. Troisième année: Nous accroîtrons la spitualité des membres du pieu de Cache Est en amenant chacun à payer honnêtement la dîme. Quatrièmement, nous accroîtrons la spiritualité des membres du pieu de Cache Est en les amenant tous à sanctifier le jour du sabbat.
A la fin du programme de quatre ans, les quatre objectifs avaient tous été atteints, mais, ce qui est plus important, la spiritualité des membres du pieu de Cache Est s’était beaucoup améliorée.
La spiritualité ne s’obtient pas simplement en souhaitant, mais discrètement et imperceptiblement en servant. Le Seigneur a déclaré: «C’est pourquoi, si vous éprouvez le désir de servir Dieu, vous êtes appelés à l’œuvre.» Il y a de nombreuses années, pendant que j’assistais à une conférence de district à Ottawa, j’ai appelé deux hommes d’une petite branche à servir le Seigneur à des postes de responsabilité. J’ai noté leurs réactions sincères. Les voici: John Brady: «J’ai fait alliance de servir fidèlement.» Walter Danic: «L’Evangile est la chose la plus importante de ma vie; je servirai.»
John Taylor a donné un conseil très direct aux détenteurs de la prêtrise: «Si vous n’honorez pas votre appel, Dieu vous tiendra pour responsable des gens que vous auriez pu sauver si vous aviez fait votre devoir.» Je pense que si nous nous rappelons toujours au service de qui nous sommes, nous nous rapprocherons de la source de l’inspiration que nous recherchons, notre Maître et Sauveur.
Harold B. Lee a eu une grande influence sur ma femme, nos trois enfants et moi. En de brèves occasions, il a fait des remarques à chacun de nos enfants, sur un ton qui dénotait une profonde spiritualité, un intérêt sincère et de l’inspiration.
Notre fils cadet, Clark, allait avoir douze ans quand nous avons rencontré fortuitement frère Lee sur le parc de stationnement du bâtiment administratif de l’Eglise. Il a demandé son âge à Clark. Clark a répondu: «Bientôt douze ans.» Frère Lee a demandé: «Que va-t-il se passer quand tu auras douze ans?» Mon fils a répondu: «Je vais recevoir la Prêtrise d’Aaron et être ordonné diacre.»
Frère Lee lui a serré la main en souriant chaleureusement et lui a dit: «Sois béni, mon garçon.»
Notre fille, Anne, alors jeune adolescente, était avec sa mère et moi quand nous avons rencontré frère Lee. Après les présentations, il a pris la main de notre fille et, avec un bon sourire, lui a dit: «Ma chère enfant, sois aussi belle intérieurement qu’extérieurement. Quelle gracieuse jeune fille tu es.»
Dans des conditions plus graves, frère Lee m’a retrouvé un soir sur le perron de l’hôpital de l’Eglise à Salt Lake City. Nous avions rendez-vous pour donner une bénédiction à mon fils aîné, Tom, qui était alors un grand adolescent. Il allait subir une intervention qui pouvait être très délicate. Frère Lee m’a pris la main avant que nous ne montions les marches, m’a regardé droit dans les yeux, et m’a dit: «Tom, je ne voudrais être nulle part ailleurs en ce moment qu’avec vous pour vous assister pour donner une bénédiction de la prêtrise à votre fils.» Nous sommes allés ensuite à la chambre, où il a dit à notre fils: «Nous allons te donner une bénédiction de la prêtrise. C’est pour nous un grand honneur, qui nous remplit d’humilité, car nous nous rappelons le conseil de Joseph Smith, le prophète, qui a dit: «Quand les détenteurs de la prêtrise placent les mains sur la tête d’une personne pour cette ordonnance sacrée, c’est comme si c’étaient les mains du Seigneur.» Nous avons donné la bénédiction. En fin de compte, il s’est agi d’une petite intervention, mais cela a été l’occasion de tirer des leçons, d’observer quelqu’un doté de spiritualité et de trouver un modèle à suivre.
Mes frères, il y a parmi vous des dizaines de milliers de détenteurs de la prêtrise qui, par indifférence, parce qu’ils ont été offensés, qu’ils sont timides ou faibles, ne peuvent donner toutes les bénédictions possibles à leur femme et à leurs enfants, ni à d’autres personnes qu’ils pourraient édifier et bénir. Nous avons le devoir solennel de produire un changement, de prendre ces personnes par la main et de les aider à se lever et à guérir spirituellement. Si nous le faisons, leurs femmes nous béniront et leurs enfants, reconnaissants, s’émerveilleront du changement chez leur père. Des vies changeront. Des âmes seront sauvées.
Quand je visitais les conférences de pieu, comme membre des douze, je notais toujours les pieux qui avaient d’excellents résultats dans la remotivation des frères dont les talents et les qualités potentielles de dirigeants étaient restés en sommeil. Je demandais systématiquement: «Comment avez-vous obtenu ce succès? Comment avez-vous fait?» Je me souviens du pieu de Carbon, alors présidé par Cecil Broadbent. Quatre-vingt-sept hommes avaient été ramenés à l’Eglise et étaient allés au temple de Manti avec leur femme et leurs enfants. En entendant mes questions, le président Broadbent s’est tourné vers Stanley Judd, un grand mineur jovial, et a dit: «C’est la responsabilité du président Judd. Il peut répondre.»
J’ai reposé ma question au président Judd, en demandant pour conclure: «Pouvez-vous me dire comment vous avez fait, pour que je puisse en faire profiter d’autres?»
Il m’a répondu en souriant: «Non.» J’ai été choqué. Il a ajouté: «Si je vous le dis, d’autres vont battre notre record.» Il a poursuivi, avec un clin d’oeil: «Mais si vous me procurez deux billets pour la conférence générale, je vous le dirai.»
Je lui ai donné les billets et il m’a révélé sa méthode. Toutefois le président Judd a considéré le contrat comme illimité et a demandé, et reçu, deux billets pour la conférence générale jusqu’à ce qu’il soit ordonné patriarche.
En gros, la méthode était la même que dans chaque pieu qui avait du succès dans ce domaine. Elle comportait quatre éléments: 1) Faites porter vos efforts au niveau de la paroisse. 2) Faites participer l’évêque. 3) N’essayez pas de vous concentrer sur tous les frères à la fois, mais travaillez auprès de quelques couples, puis demandez-leur de vous aider à travailler auprès d’autres. Les techniques de vente à l’arraché ne sont pas la solution pour diriger dans la prêtrise. Le dévouement au devoir, la continuité dans l’effort, l’amour abondant et la spiritualité s’associent pour toucher le cœur, susciter le changement et amener à la table du Seigneur ses enfants affamés qui ont erré dans le désert du monde, mais sont maintenant revenus au foyer. Il y a de nombreuses années, j’ai réorganisé le pieu de Star Valley au moment de la relève du dirigeant légendaire qu’était E. Francis Winters. Il avait servi fidèlement et remarquablement pendant de nombreuses années. Tôt, le jour du sabbat, les membres, venus de loin, se sont entassés dans l’église d’Afton, au Wyoming. Toutes les places étaient occupées. Après avoir réorganisé la présidence de pieu, j’ai fait quelque chose que je n’avais jamais fait. Je me suis senti poussé à faire un petit exercice. J’ai demandé: «Que tous ceux qui ont reçu un nom ou ont été baptisés ou confirmés par Francis Winters se lèvent et restent debout.» Beaucoup se sont levés. J’ai ajouté: «Que tous ceux qui ont été ordonnés ou mis à part par Francis Winters se lèvent et restent debout.» Un autre groupe important s’est joint aux personnes debout. «Enfin que tous ceux qui ont reçu une bénédiction de Francis Winters se lèvent et restent debout.» Tous les autres se sont levés. Je me suis tourné vers le président Winters et, le visage baigné de larmes, je lui ai dit: «Président, vous avez devant vous le résultat de votre ministère de président de pieu. Le Seigneur est satisfait.» Les têtes se sont baissées en signe d’approbation, tandis que des sanglots se faisaient entendre et que des mouchoirs sortaient des sacs à main et des poches. Cela a été l’une des plus belles expériences spirituelles de ma vie. Personne, dans ce vaste auditoire n’oubliera jamais ce qu’il a ressenti à ce moment-là.
Après avoir terminé mes tâches à la conférence et avoir pris congé, je me suis mis en route. Je me suis mis à chanter le cantique préféré que nous chantions à l’Ecole du Dimanche dans ma jeunesse:
Merci pour l’Ecole du Sabbat. Saluons le jour
où s’enfuient le mal et l’erreur.
Merci pour nos instructeurs qui œuvrent avec amour
Afin que nous ayons part à la lumière de l’Evangile.
Au matin de notre vie, efforçons-nous
De chérir chaque vertu, de dénoncer tout vice.
Joignons nos efforts pour accomplir des œuvres exaltantes
Et combattons énergiquement les fautes infantiles.
Joignons nos voix pour chanter notre joie.
Joignons nos voix, membres de l’Ecole du Sabbat.
Grande sera la joie de ceux qui font le bien,
Qui vainquent le mal et prennent plaisir au bien.
J’étais seul dans la voiture. Mais l’étais-je vraiment? Les kilomètres défilaient. En silence, je réfléchissais aux événements de la conférence. Francis Winters, comptable à la fromagerie locale, homme aux moyens et à la maison modeste, avait suivi les pas de Jésus, et, comme le Maître, avait fait partout du bien. Il méritait la description que le Sauveur avait faite de Nathaniel, en venant de loin: «Voici vraiment un Israélite dans lequel il n’y a point de fraude.»
Mes frères, je prie ce soir pour que tous, à quelque poste que nous servions dans l’Eglise, nous méritions que le Maître pose doucement la main sur notre épaule et nous salue comme il a salué Nathaniel.
Puissions-nous, à la fin du voyage de la vie, entendre ces paroles prononcées par Dieu: «C’est bien, bon et fidèle serviteur.» C’est ma prière, au nom de Jésus-Christ. Amen.