Nous avons tous un Père en qui nous pouvons avoir confiance
Nous sommes réellement sa postérité, et «il n’est pas loin de chacun de nous» (Actes 17:27).
A l’époque où je suis né, les nuages de la guerre recouvraient l’Europe et traversaient la Manche en direction des côtes anglaises. Mon père, comme des milliers d’autres hommes de sa génération, a été mobilisé. Mon frère aîné et moi avons été protégés de la tourmente et de la peur qui nous environnaient par notre mère qui a compensé l’absence de notre père, en nous faisant participer à diverses activités. Cela m’a appris que quand le père est absent, la mère peut recevoir des bénédictions en compensation. J’ai de cette période des souvenirs que je chéris, et je me souviens, bien que ne comprenant pas très bien alors qui il était ni ce qu’il faisait, comme elle parlait de son cher mari quand elle recevait des lettres de lui.
Ma première rencontre avec mon père dont je me souvienne, a eu lieu quand j’avais cinq ans. On a apporté un télégramme. Ma mère est restée, l’enveloppe jaune à la main, sans essayer de l’ouvrir. Je ne savais pas alors pourquoi, ni quel message elle pouvait contenir. Enfin, et avec grande difficulté, maman a essayé de l’ouvrir. Il lui a fallu du temps. Une fois le télégramme ouvert, maman en a lu le contenu et est restée un moment sans réaction. Enfin, levant le télégramme au-dessus de sa tête, elle s’est exclamée joyeusement: «Papa rentre à la maison! Papa rentre à la maison!»
Les parents de mon père habitaient la maison contigüe. Ma mère, brandissant le télégramme et sautillant d’allégresse, s’est dirigée vers la maison de mes grands-parents, en s’écriant: «Papa revient! Papa revient!» Mon frère suivait tout près en criant: «Papa revient! Papa revient!» Je fermais la marche, en criant aussi: «Papa revient! Papa revient! Qui est papa?»
Le lendemain matin, quand je me suis réveillé, il y avait un homme assis sur le bord de mon lit. Il tenait un ballon de football d’Italie en cuir. Il nous a demandé à mon frère et à moi si nous aimerions jouer au football avec lui. J’ai accepté avec prudence, et nous sommes allés sur un endroit herbeux près de chez nous, et nous avons joué ensemble. Cela a été le début de l’influence continuelle que mon père a exercée sur moi. Je voulais passer tout mon temps en sa compagnie.
Nous vivions, comme beaucoup d’autres, pendant ces années marquées par les séquelles de la guerre, dans d’humbles conditions. Notre maison était meublée modestement. Papa savait faire beaucoup de choses et se servait de ses talents pour embellir notre maison. Il a surélevé jusqu’au niveau du sol l’abri anti-aérien Anderson, situé dans notre jardin, et en a fait son atelier. Il y passait des heures à réparer des chaussures et à fabriquer des meubles pour la maison. Je circulais dans l’atelier et je l’observais. Le simple fait d’être en sa présence était une joie pour moi. Il me demandait de l’aider en lui passant un marteau, un tournevis ou un autre outil. J’étais convaincu que mon aide était nécessaire et que, sans moi, il ne pourrait pas terminer son travail.
Il se servait de toutes sortes de morceaux de bois de diverses provenances, considérés par les autres comme inutilisables, et en faisait des objets d’une grande beauté et d’une grande utilité pour notre famille. En travaillant, il faisait un jeu avec moi: il me demandait de deviner ce qu’il était en train de fabriquer. J’en étais rarement capable avant que tous les éléments soient terminés et que l’objet soit assemblé. Alors, je déclarais, plein d’excitation: «C’est une étagère!» ou «C’est une table!» et je m’émerveillais de sa faculté de créer tant avec si peu de chose.
En réfléchissant à ces merveilleux souvenirs, je me rends compte que mon père n’avait pas besoin de mon aide pour terminer le travail qu’il avait entrepris. C’est moi qui étais le bénéficiaire, car, par ces expériences, j’ai appris à le connaître, et je l’ai aimé.
Comme cela ressemble à nos rapports avec notre Père céleste! Nous croyons parfois que le service dans lequel nous sommes engagés lui bénéficie, alors qu’en réalité il est comparable au fait que je passais les outils à mon père. Les rapports qui se créent ont plus d’importance que l’aide que nous apportons. Comme l’a dit le roi Benjamin: «Car, comment un homme connaît-il le maître qu’il n’a pas servi, qui lui est étranger, qui est loin de ses pensées et des désirs de son cœur?» (Mosiah 5:13).
Je n’étais pas capable de comprendre pleinement ce que mon père terrestre construisait avant qu’il ait terminé son travail. Il en est de même avec notre Père céleste. Lorsque son Royaume sera établi et que l’œuvre sera terminée, nous reconnaîtrons notre maison et nous pousserons des cris de joie.
Le service désintéressé est un élément essentiel d’une vie riche et heureuse. Les paroles pleines de perception de Marion G. Romney accroissent notre compréhension en ce domaine: «Le service n’est pas quelque chose que nous endurons ici-bas afin de pouvoir obtenir le droit de vivre dans le royaume céleste. Le service est l’élément même dont est composée la vie exaltée dans le royaume céleste» (Ensign, nov. 1982, p. 93).
Il n’est pas nécessaire que nous connaissions la réponse à chaque question ni que nous comprenions la raison de chaque difficulté que nous rencontrons pour trouver de la sécurité dans la connaissance de notre Créateur divin. Comme l’a dit Néphi: «Je sais qu’il aime ses enfants; néanmoins, je ne connais pas la signification de toutes choses» (1 Néphi 11:17).
Vingt-six ans après l’expérience avec mon père, j’ai continué à apprendre d’importantes leçons grâce à une relation père-fils. Les boiseries extérieures de notre maison avaient besoin d’être repeintes. J’ai nettoyé et préparé la surface et appliqué une sous-couche. Je voyais déjà le fini impeccable qui résulterait de mon travail. Notre fils, Kevin, cinq ans, observait tandis que je m’apprêtais à appliquer la dernière couche. Il m’a demandé s’il pouvait m’aider. J’ai hésité avant de répondre, réfléchissant à l’effet que cela aurait sur la réalisation de mon rêve, ou à ce qu’il éprouverait si je refusais son offre. Je me suis entendu répondre, comme si c’était quelqu’un d’autre: «Cela m’aiderait beaucoup. Merci.»
J’ai donné à mon fils l’une de mes vieilles chemises qui le couvrait presque complètement et touchait presque le sol, dont j’ai roulé plusieurs fois les manches, et nous nous sommes mis au travail sur la porte principale de la maison. Il peignait le panneau du bas, tandis que je peignais le haut. J’ai remarqué que, du fait de son âge et de sa stature, il n’arrivait pas à étaler uniformément la peinture, et qu’il se formait des coulées de peinture. Chaque fois qu’il se baissait pour tremper son pinceau dans le pot, je m’empressais de lisser la peinture sur le panneau du bas, et je reprenais aussitôt mon poste pour qu’il ne se rende pas compte de ce que je faisais. Au bout d’un moment, j’ai décidé que la possibilité de travailler avec mon fils était plus importante qu’une peinture impeccable. En réfléchissant, je me suis rendu compte qu’il s’en tirait très bien. Par la suite, chaque fois que je m’approchais de la porte et que je voyais le style caractéristique de la peinture, je me rappelais ce qui est vraiment important dans la vie.
Les expériences d’apprentissage que nous avons vécues ensemble ne se sont pas limitées au domaine temporel. Quand nous avons participé ensemble à des ordonnances et avons contracté des alliances, le pouvoir de la divinité s’est manifesté.
Ma femme, Pamela, qui a été élevée selon les principes de l’Evangile rétabli, a pu m’aider à apprécier la valeur de la prière familiale, de la soirée familiale et des conseils de famille.
Nous avons décidé, au début de notre mariage, que nous avions la responsabilité d’enseigner l’Evangile à notre fils, et que les programmes de l’Evangile appuieraient l’enseignement dispensé au foyer. Kevin accompagnait souvent sa mère quand elle rendait visite aux malades et aux personnes âgées pour leur rendre des services compatissants.
Ces expériences ont tissé des liens familiaux qui se sont resserrés au cours des années. Les expériences que j’ai goûtées avec ma famille terrestre m’ont donné un aperçu du potentiel qui existe dans les éternités, potentiel décrit dans Doctrine et Alliances (section 130, verset 2): «Et cette même sociabilité qui existe parmi nous ici existera parmi nous là-bas, seulement elle sera accompagnée de gloire éternelle, gloire dont nous ne jouissons pas maintenant.»
Nous devons toujours nous souvenir que, quelle que soit notre situation, nous avons tous un père en qui nous pouvons avoir confiance, à qui nous pouvons nous adresser pour demander du réconfort et des conseils. Il est notre Père céleste.
Quelle joie d’entendre des enfants chanter: «Je suis enfant de Dieu». Nous sommes réellement sa postérité, et «il n’est pas loin de chacun de nous» (Actes 17:27).
J’apprécie chaque jour davantage les paroles du Sauveur exprimées dans sa prière d’intercession: «Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jean 17:3).
Je sais qu’il vit; je sais qu’il nous aime, car nous sommes ses enfants. Je témoigne que Jésus-Christ est son Fils, notre Avocat auprès du Père, et qu’il dirige son Eglise aujourd’hui par l’intermédiaire de prophètes vivants. Je sais que leurs paroles nous reconduiront au foyer. Au nom de Jésus-Christ. Amen.