L’amour pur du Christ
Le sourire de Clyde Kélyth
« Aucun problème n’est insurmontable et aucun revers n’est permanent ! »
« Son sourire permanent rayonne tel un baume qui soulage la famille et tous ceux qui le croisent. »
Témoigner de Clyde Kélith, c’est raconter une histoire douloureuse au demeurant, mais qui avec le temps a pris une tout autre dimension.
Une histoire douloureuse, car jamais je n’avais imaginé qu’une femme puisse perdre la vie, en donnant la vie. Pourtant, telles furent les circonstances dans lesquelles Clyde vint au monde, un matin du mois de mai.
Soumis à une détresse fœtale consécutive à la crise d’éclampsie de sa mère qui, hélas, resta sur la table d’opération, Clyde naquit avec une infirmité motrice cérébrale. Un handicap qui bientôt le cloua dans un fauteuil et le rendit dépendant d’une tierce personne pour tous les actes du quotidien, en plus d’être dépourvu de la parole. C’est comme si, au malheur de perdre un être cher, mon épouse pour moi, et leur mère pour mes filles, s’ajoutait un autre malheur, celui de devoir s’occuper d’un enfant handicapé.
Pourquoi donc, Dieu, si aimant, avait-il permis que pareils malheurs s’abattent sur nous ?
Pourtant, alors que nous nous voyions anéantis par ces moments particulièrement sombres et décourageants, la situation s’imposa à nous avec un naturel tel que nous ne pouvions expliquer la paix intérieure que nous ressentions. Nous ressentions la présence réconfortante de Dieu qui nous donna la force et les moyens de vaincre les obstacles qui se dressaient devant nous, dans cette situation familiale inédite et pour laquelle nous n’avions aucun repère.
Prendre davantage soin de Clyde s’imposa en plus à nous comme un défi, celui de sublimer le sacrifice de sa maman qui avait perdu la vie en donnant la vie.
Ma fille témoigna un jour en réunion de Sainte-Cène que pour elle, « le sacrifice de sa maman était comparable à celui d’un soldat tombé au champ d’honneur ».
La connaissance des Écritures aidant, nous avions accepté la volonté de notre Père éternel, lui qui a voulu que les choses se soient passées ainsi.
Au sein de la famille, Clyde prit sa place comme tout enfant. Nous intégrâmes son handicap dans notre vie avec une responsabilité chaque jour grandissante, au point que ce que nous pensions être « un poids » n’en fut plus un.
Mais, la vraie force d’avancer et de vaincre l’adversité, c’est en Clyde lui-même que nous la trouvâmes. Ses espiègleries, ses éclats de rire et surtout son sourire charmeur s’imposèrent à nous comme un baume. Une bonne humeur communicative ressentie comme un soulagement.
En dehors de quelques vocalises qui définissent l’essentiel du langage à travers lequel il communique, Clyde Kélyth dispose d’un langage subliminal chargé d’un potentiel de bonne humeur qu’il transmet aux autres et pour lequel il ne passe pas inaperçu. Partout où il se trouve, même à l’hôpital où il multiplie les séjours, Clyde assure, conforte et rassure, à travers son sourire devenu légendaire et par lequel tous l’identifient.
Vivant depuis quelques années en Maison d’accueil spécialisée (MAS) et entouré de la famille, Clyde doit multiplier des passages à l’hôpital pour des prises en charge médicales assez lourdes, qui auraient de quoi affecter le moral de tout humain.
Pourtant, face à ce qui peut apparaître comme une constante adversité, Clyde oppose un ferment de bonne humeur, à travers son sourire permanent et spécifique, au point qu’il ne peut laisser indifférent.
D’humeur enjouée, Clyde aime la compagnie et déteste la solitude, même s’il s’enferme parfois dans des moments d’évasion, faisant abstraction de tout ce qui l’environne, au point de sursauter au moindre bruit. La compagnie, Clyde la veut vivante, bruyante même, aussi l’accompagne-t-il de ses cris, ses fous rires - sa façon à lui de mettre de l’ambiance, d’animer et de rendre son espace de vie vivant.
Bientôt, le sourire de Clyde devient un référentiel, une caractéristique qui s’impose à tous comme une carte de visite ; mais bien plus qu’un élément distinctif, une sorte de thérapie pour les autres.
Médecins, soignants et autres personnels en contact avec Clyde sont « charmés » par ses yeux qui disent ce qu’il aurait pu exprimer avec les mots dont il est dépourvu.
Clyde témoigne d’un amour pur pour les autres. Cet amour traduit la pureté même de son regard qui devient plus qu’un simple regard.
Chacun auprès de lui témoigne du ferment qu’il a tiré et qu’il tire de ce regard.
« Tenez-vous un peu plus droit » a dit un jour Gordon B. Hinckley, offrant un guide inestimable pour naviguer à travers les épreuves de la vie, trouver de la force dans l’adversité et finalement débloquer notre potentiel illimité.
Pour Clyde, c’est son sourire.
À travers son sourire, même sur un lit d’hôpital, comme pour transcender la douleur, Clyde a fini par enseigner qu’aucun problème n’est insurmontable et aucun revers n’est permanent.
Lui, si souriant, est révérent en Sainte-Cène.