Endurer jusqu’à la fin
Pour marcher sans culpabilité devant Dieu, nous devons nous aimer et nous servir les uns les autres.
Quand un membre du premier collège des soixante-dix atteint l’âge de 70 ans, il devient émérite. Il semble que tout ce que je fais ces derniers temps, je le fais pour la dernière fois, entre autres de parler à une conférence générale.
Je ne peux pas dire que cela me contrarie particulièrement, parce que je n’ai jamais été très à l’aise derrière un micro de toute façon.
Je suis très heureux de pouvoir exprimer mon amour pour mes frères que j’ai vu pour la plupart d’entre eux être appelés ainsi qu’aux nombreux saints forts dans le monde entier que j’ai eu l’honneur de connaître et avec qui j’ai servi.
En effet, l’Evangile de Jésus-Christ fait véritablement de nous des frères et sœurs et une grande famille de Jésus-Christ tandis que nous cherchons à le suivre et à devenir ses fils et ses filles (voir Jean 1:12 et Ether 3:14).
Comme la plupart d’entre vous le savent, je suis un converti à l’Eglise. J’ai été baptisé à Tokyo, au Japon, en 1952, pendant que je servais dans la Marine des Etats-Unis au cours du conflit avec la Corée. Je suis né et j’ai grandi au Missouri où s’est déroulée une grande partie des premiers moments de l’histoire de l’Eglise. Mais je n’avais jamais entendu parler de l’Eglise mormone. Je cherchais la vérité, et, bien qu’ayant lu la Bible et croyant que Jésus-Christ avait vécu sur la terre et était ressuscité, il me restait beaucoup de questions sans réponse. Des questions comme: Pourquoi est-ce que Dieu ne parle pas à l’homme aujourd’hui comme il l’a fait dans les temps anciens quand la Bible a été écrite? Comment Jésus pourrait-il être à la fois son propre Père et le Saint-Esprit? Pourquoi Jésus a-t-il dû être baptisé alors qu’il n’avait pas péché? Où est-ce que j’étais avant de naître, et où vais-je aller quand je mourrai? Comment est-ce que le simple fait de croire au Christ va me sauver si je n’ai pas gardé les dix commandements?
Je savais qu’il devait y avoir des réponses que je n’avais pas entendues. Les réponses arrivèrent quand Ted Raban et Ronald Flygare, deux missionnaires, frappèrent à ma porte à San Diego, en Californie, en juillet 1951. Mon épouse, Connie, les laissa entrer et accepta un exemplaire du Livre de Mormon. J’étais à Hawaï à l’époque, dans l’attente d’un cours de formation de 14 semaines en préparation du déploiement en Corée.
Quand je rentrai à la maison, Connie me donna un exemplaire du Livre de Mormon et je commençai à lire. Je sus que le livre était vrai avant même d’avoir fini 2 Néphi – Néphi avait fait un converti de plus – et je commençai à assister aux réunions de l’Eglise dans la vieille paroisse de Valencia Park à San Diego. A cause de ma préparation pour le déploiement, je n’étais pas en mesure d’étudier et d’assister aux réunions de l’Eglise comme je le voulais et j’attendais avec impatience le moment où je le pourrais. Le moment d’embarquer sur le porte-avion Philippine arriva. A bord, je lus 14 des meilleurs livres qui ont jamais été écrits. Ils comprennent les œuvres canoniques, plus les écrits de chacun des présidents de l’Eglise depuis Joseph Smith, fils jusqu’à David O. McKay, avec en plus Parley P. et Orson Pratt et quelques autres. J’étais comme un homme affamé qui a trouvé de la nourriture et de l’eau pour la première fois. J’aimais ça. Quand nous sommes arrivés au Japon, le groupe de saints des derniers jours à bord a décidé que je devais me faire baptiser. Nous sommes donc allés jusqu’au foyer de la mission de Tokyo, où j’ai demandé à me faire baptiser. On m’a dit que n’ayant pas été ami de l’Eglise pendant une année comme requise, je ne pouvais pas me faire baptiser. Cependant, j’ai insisté et j’ai demandé à avoir un entretien. L’entretien a duré une heure et demi, puis à la fin j’ai reçu une recommandation pour le baptême et la confirmation. McDonald B. Johnson, le chef du groupe de saints des derniers jours sur le Philippine m’a baptisé et Fred Gaylord Peterson m’a confirmé, et je suis donc devenu membre de l’Eglise le 26 février 1952. J’ai été ordonné diacre le même jour et par la suite à un autre office de la prêtrise chaque fois que le bateau retournait au Japon, jusqu’au 26 juillet 1952 où j’ai été ordonné ancien et je suis retourné en août à San Diego où mon épouse a été baptisée le 1er mars de la même année. Nous étions une famille unie dans l’Evangile de Jésus-Christ et nous attendions avec beaucoup d’impatience d’être scellés avec nos trois enfants dans le temple de Mesa, ce qui a eu lieu en mai 1953.
16 ans après mon baptême, j’ai été appelé par David O. McKay, le président de l’Eglise, à être membre du premier collège des soixante-dix. C’était en avril 1968. J’étais le premier converti à être appelé comme Autorité générale depuis John Morgan, après une période de 86 ans. J’ai servi dans cet appel pendant 26 ans.
J’ai trouvé que l’Evangile était très simple, mais aussi très profond. Une fois que nous avons suffisamment de foi au Seigneur Jésus-Christ pour croire qu’il a payé pour nos péchés, alors nous nous repentons. Personne ne se repent vraiment s’il ne croit pas au Christ.
Il y a une différence entre s’arrêter de pécher et se repentir. Dans le premier cas, nous sommes toujours coupables, dans le second nous sommes libérés du péché et de la culpabilité. Les gens s’arrêtent de pécher tout le temps parce qu’ils ont peur d’avoir le sida, ou de mourir d’un cancer du poumon, ou pour d’autres raisons, mais ils ne se débarrassent pas des péchés. Cela ne se passe que quand un non-membre suit Jésus-Christ dans les eaux du baptême puis vient recevoir le Saint-Esprit par l’imposition des mains de l’autorité de la prêtrise. C’est de cette manière que l’on se purifie devant le Seigneur (voir D&A 84:74).
Encore une fois, dans le premier cas nous nous trouvons toujours dans nos péchés et dans le second cas, nous sommes libérés de nos péchés. Les paroles du Père à Néphi (voir 2 Néphi 31:11 et 15) étaient: «Repentez-vous, repentez-vous et soyez baptisés au nom de mon Fils bien-aimé.» Puis Néphi raconte qu’il entendit une voix venant du Père qui disait: «Oui, les paroles de mon bien-aimé sont vraies et fidèles. Celui qui endure jusqu’à la fin sera sauvé.»
Puis après le baptême par l’eau et par l’esprit, il s’avère que tout ce que le Père demande, c’est que nous endurions jusqu’à la fin. Qu’est-ce que cela signifie? Je crois que cela signifie fondamentalement trois choses.
Premièrement. Nous devons continuer à nous repentir tout le restant de notre vie parce que nous continuerons à faire des erreurs et que nous devons rentrer à la maison purs ou bien nous ne pouvons demeurer avec le Père et le Fils (voir D&A 84:74).
Deuxièmement. Nous devons continuer à pardonner aux autres. Si nous ne pardonnons pas aux autres, nous n’obtiendrons pas le pardon nous-mêmes (voir D&A 64:9-10).
Troisièmement. Nous devons être gentils ou, en d’autres termes, nous devons avoir de la charité, ce qui est en fait l’amour plus le sacrifice. Nous devons servir notre prochain, hommes, femmes et enfants, et si nous faisons tout le reste mais que nous ne servons pas les pauvres, ceux qui sont dans le besoin, ceux qui sont opprimés, les malades et les affligés, à la fois temporellement et spirituellement selon leurs besoins, nous ne pouvons obtenir la rémission de nos péchés du jour au lendemain. Si nous ne servons pas les autres, nous ne serons pas trouvés sans faute devant Dieu (voir Mosiah 4:26).
C’est un fait que Dieu ne fait pas acception de personnes. Il aime tous ses enfants, et je pense qu’il les aime tous autant. Bien entendu, il ne peut pas bénir ses enfants s’ils ne gardent pas ses commandements parce qu’il a dit: «Il y a une loi, irrévocablement décrétée dans les cieux avant la fondation de ce monde sur laquelle reposent toutes les bénédictions; et lorsque nous obtenons une bénédiction quelconque de Dieu, c’est par l’obéissance à cette loi sur laquelle elle repose.» (D&A 130:20-21).
Dieu nous dit qu’il ne peut pas renier sa parole. Il est bien évident qu’il est beaucoup plus content quand nous gardons ses commandements, et qu’il est heureux de nous bénir quand nous le faisons. Mais si nous ne gardons pas ses commandements, il nous châtie. Cela ne veut pas dire qu’il ne nous aime pas, pas plus que des parents qui disciplinent leurs enfants. En fait, c’est bien parce qu’il nous aime qu’il nous châtie afin que nous apprenions par l’obéissance (voir Hébreux 12:6; D&A 95:1).
Ensuite pour marcher sans culpabilité devant Dieu, nous devons nous aimer et nous servir les uns les autres. Sa déclaration par l’intermédiaire du roi Benjamin: «en servant vos semblables, c’est Dieu seulement que vous servez» (Mosiah 2:17) peut être reformulée ainsi: «Si vous n’êtes pas au service de vos semblables, vous n’êtes pas au service de votre Dieu». Mormon exprime cette pensée qui a été conservée par son fils Moroni quand il dit:
«C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, si vous n’avez pas la charité, vous n’êtes rien, car la charité ne périt jamais …
«tout sera bien, au dernier jour, pour celui qui sera trouvé la possédant …
«C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, priez le Père avec toute l’énergie du cœur, pour que vous soyez remplis de cet amour qu’il a accordé à tous ceux qui sont les vrais disciples de son Fils, Jésus-Christ, afin que vous deveniez les fils de Dieu, et que, quand il paraîtra, nous soyons semblables à lui, car nous le verrons tel qu’il est, afin que nous ayons cette espérance, afin que nous soyons purifiés comme il est pur» (Moroni 7:46-48).
Je suis convaincu que seule cette charité, cet amour pur du Christ, cet amour et ce sacrifice dont on trouve l’exemple dans l’œuvre qui se déroule dans nos temples, est la seule chose qui puisse sauver cette nation et le monde quand le Seigneur reviendra. Le Seigneur voulait épargner Sodome et Gomorrhe à condition qu’Abraham puisse trouver dix justes, ce qui n’était pas possible. Je pense que je ne pourrais pas avoir d’espoir plus grand pour vous et pour moi que nous puissions être emplis de cette charité, de cet amour pur du Christ, pour servir nos semblables. Au nom de Jésus-Christ, amen.